Tout au long de sa carrière, Mallory s'est consacré à Mallory ! Cette phrase à l'apparence absurde mérite d'être clarifiée. Mallory, groupe de rock français a pris pour concept un personnage du même nom, une âme errante sur les routes américaines. ''Sonora RF Part I'' paru début 2016 semblait mettre fin à l'agitation de son héroïne, qui se retrouvait enfermée en prison. Un an plus tard paraît le second volet de cette histoire poisseuse dans laquelle la jeune femme semble toujours embourbée.
Mallory croupit toujours dans sa cellule avec ses espoirs d'évasion et ses émeutes ratées. Ces rêveries se retrouvent toujours sous la forme d'un blues poisseux quasi introspectif qui colle à la peau : blues hispanisant sur 'Cheveux Noirs' , 'So Wet', avec un refrain pourtant tourné vers la pop, 'Dilemma' et son solo de guitare blues, ou encore le plombant 'Homeless'. Le groupe utilise un court instrumental, 'Last Days', pour connecter la dernière piste et nous permettre de respirer. Si dans ce dernier, on retrouve des ambiances très cinématographiques, on peut regretter sa brièveté.
Mallory ne fait toujours guère de concession à la douceur, avec ses guitares tranchantes et sa section rythmique survitaminée, mais le disque s'avère plus homogène que le précédent album, déjà assez ténébreux. La ballade 'Plan B' est relativement paisible sur ses couplets, tandis que les refrains voient la montée en avant des guitares et une voix grave hurler à la limite du growl, comme aurait pu le faire leur mentor Bertrand Cantat. D'autres morceaux comme 'Riot' (avec son riff de basse suivi par la guitare) ou 'Dilemma' n'y vont pas par quatre chemins pour livrer un son heavy à la limite de l'extrême.
Les paroles en français, véritables écrins de poésie noire, semblent légèrement en retrait sur cet album qui privilégie l'anglais. 'Day 257' rythmé par des chœurs laisse la part belle à une voix que n'aurait pas reniée Serge Gainsbourg. 'Vertige' possède un très beau texte à fleur de peau, même si l'on peut regretter le refrain forcé un peu incompréhensible : il peut être en effet frustrant de ne pas comprendre toujours les paroles en anglais lorsqu'elles sont hurlées.
Mallory achève son diptyque avec un album encore plus noir que le précédent, un blues poisseux qui n'a pas peur de dépenser quelques décibels.