"Black Science" est le troisième album du groupe canadien Machines Dream, succédant à un disque éponyme paru en 2013 et "Immunity" sorti fin 2014. Fans de Pink Floyd, Genesis, Marillion et Rush, Machines Dream officie dans un registre de progressif symphonique aux atmosphères sombres, "Black Science" développant un concept "explorant le côté obscur de l’humanité et de la technologie".
Bien, avec une telle introduction, je vois déjà tous les amoureux de prog old school se pourlécher les babines, anticipant le plaisir de palpiter au rythme d’une musique alliant la complexité au caractère mélodieux, sans omettre quelques digressions intéressantes ou trouvailles surprenantes. Bref, tout ce qui fait qu’on aime Pink Floyd ou Genesis !
Et ce n’est pas le court et introductif ‘Armistice Day’ qui viendra les détromper : samples de voix, bruits sourds de machines, chant sombre et inquiétant posent une ambiance lourde digne de "The Wall". Enchaîné à ce premier titre, ‘Weimar’, mini epic de l’album, renforce cette impression entre un chant désabusé et dramatique à la Waters et des envolées de guitare gilmouriennes, les mélodies respectant la tradition progressive allant des changements obligés de thèmes à l’alternance de passages chantés et instrumentaux, en passant par les accélérations et ralentissements de tempo…
Malheureusement, il ne suffit pas d’en respecter les principes pour faire du bon rock progressif. Pas plus qu’il ne suffit d’adopter les codes de Pink Floyd pour insuffler à ses compositions le génie de leur modèle. A trop vouloir lui ressembler, Machines Dream finit par tomber dans la caricature quand ce n’est pas dans le plagiat (certaines lignes mélodiques de ‘The Cannons Cry’ semblent directement issues de "The Wall").
Même en passant outre cette ressemblance appuyée à laquelle seul ‘Airfield On Sunwick’ échappe, il est difficile de tomber sous le charme de mélodies qui ne décollent jamais et restent bien trop prévisibles. L’ensemble manque de vigueur et d’enthousiasme et il faudra être très indulgent pour vibrer aux différents solos qui émaillent l’album et qui suscitent plus facilement l’ennui que l’admiration. On pourra cependant passer un agréable moment en écoutant ‘Heavy Water’, ‘Airfield On Sunwick’ ou ‘UXB’ qui, sans être inoubliables, restent plaisants. La moisson est quand même un peu maigre.
Quand un clone de Pink Floyd associe la mollesse d’interprétation d’un Eloy à la vacuité des compositions d’un Nektar, cela donne naissance à un album comme "Black Science", sans originalité, sans punch et sans personnalité. A oublier.