"Un nouvel album de Galahad, avec une différence". Ainsi s’affiche la présentation officielle de "Quiet Storms", onzième album des Anglais. L’aficionado du groupe dresse une oreille curieuse à cette annonce : Galahad s’est bâti une réputation de groupe au néo-prog dynamique et volontiers théâtral, avec trois derniers albums de bonne facture. Difficile d’imaginer que le quintette va s’aventurer dans des contrées inconnues…
Et pourtant, il existe des précédents dans sa discographie : dès 1994, Galahad s’est risqué à sortir un album (incomplètement) unplugged, puis s’est diverti 20 ans plus tard à faire paraître coup sur coup 3 EPs qui déclinaient chacun des versions différentes d’un même titre ("Galahad Acoustic Quintet, Not All Thérèse"). Avec "Quiet Storms", il veut montrer un versant plus calme, plus pastoral de son inspiration. Pour ce faire, il a retravaillé d’anciens titres et rassemblé des versions acoustiques (ou presque) développées sur les EPs de 2014. Ajoutez à cela deux reprises (covers) et trois titres inédits, et vous obtenez l’objet qui nous intéresse ici.
Avec un accompagnement minimaliste (le plus souvent limité au piano et à la guitare acoustique), et une section rythmique des plus discrètes (sauf sur le dernier titre), la voix de Stuart Nicholson se trouve propulsée au premier plan. C’est l’occasion pour lui de rappeler qu’il est un vocaliste hors-pair, dont la sensibilité et la finesse d’interprétation éclatent ici au grand jour : ‘Beyond The Barb Wire’, ‘Weightless’ ou ‘Guardian Angel’ sont d’émouvantes et pleines réussites, ainsi que ‘Termination’, où Stu trouve en Christina Booth (Magenta) un complément idéal. Au chapitre des réussites, citons les deux covers ‘Marz’ (John Grant) pour laquelle le chanteur a composé deux couplets supplémentaires et ‘Mein Herz Brennt’ dans une version piano-violon moins superbement décadente que celle de Till Lindemann (Rammstein, 2001), mais soigneusement maîtrisée.
C’est dans le minimalisme que ce "Quiet Storms" se révèle le meilleur : quand les nappes de claviers deviennent plus envahissantes ('Melt', 'Don’t Lose Control'), ils anesthésient la sensibilité, et si le groupe s’essaie à plus d’ambition orchestrale ('Easier Said Than Done '), il en ressort un côté plus artificiel, moins sincère. De même, la version ‘Hybrid’ de ‘Guardian Angel’, avec sa batterie triggée, n’apparaît à son meilleur que dans le calme break terminal.
Pari gagnant que cet album : en mettant en avant une finesse d’interprétation qui transparaissait moins précédemment, Galahad tisse des ambiances délicates qui rappellent par moment les atmosphères des tout premiers Marillion ("Fugazi" sur ‘Picture of Bliss’ et ‘Willow Way’). Peu d’entre nous en auraient cru ce groupe capable : bien joué !