Mieux vaut tard que jamais ! C’est sûrement ce qu’ont dû se dire les Italiens de Struttura & Forma dont le groupe, formé à Gènes en 1972, sort son premier album 45 ans après sa création. Bien sûr, durant un tel laps de temps, la formation d’origine a connu bien des changements de line-up et quelques périodes d’hibernation. Néanmoins, les deux guitaristes à l’origine de la formation initiale décident de réactiver leur projet et s’entourent d’une nouvelle section rythmique et d’un nouveau chanteur pour enregistrer "One Of Us".
Comme de nombreux groupes italiens de l’époque, Struttura & Forma est tombé dans le chaudron du rock progressif, pas dans celui symphonique façon Genesis, mais plutôt dans le fond de cuve, là où la frontière entre progressif et hard rock sophistiqué n’est pas si claire que ça. Car la musique de Struttura & Forma est bourrée d’énergie. Une section rythmique efficace, très présente sans que cela ne soit jamais au détriment des autres instruments, accompagne des guitares techniques sans être trop démonstratives dont les nombreux solos émaillent les compositions. Le chant au timbre grave affirme une belle présence et de la puissance sans que cela se transforme en braillements inutiles et importuns. Beppe Crovella (Arti & Mestieri) est l’invité d’honneur du groupe, agrémentant chaque titre de ses nappes de mellotron.
L’ensemble a un parfum vintage qui ravira tous ceux qui ont encore à fleur de peau la nostalgie des années 70. Néanmoins, loin de se complaire dans un passéisme désuet, Struttura & Forma joue un hard prog énergique et moderne, bien servi par une production qui restitue fidèlement la participation de chaque instrument.
Mélange de prog souvent nerveux (‘Worms’, ‘Symphony’, ‘Indios Dream’) et hard rock purpleien (‘Kepler’, ‘Amsterdam’) flirtant même avec le jazz rock (‘One Of Us’, ‘Kyoko’s Groove’ rappelant un certain ‘Lazy’, ‘Il Digiuno Dell'anima’), l’album s’offre même un détour vers un instrumental acoustique semblable à ce que Steve Howe proposait régulièrement au sein de Yes (‘Acoustic Waves’). Mais le point d’orgue de "One Of Us" est certainement la reprise en forme d’hommage à Greg Lake de ‘Lucky Man’, Struttura & Forma transformant la gentille ballade de Greg Lake en un titre d’une grande mélancolie grâce à un mellotron à fendre l’âme.
On pourra reprocher à l’album le manque d’accroche de mélodies qui se diluent parfois dans des digressions inutiles ainsi qu’une légère impression de déjà-entendu sur quelques morceaux. Néanmoins, "One Of Us" possède suffisamment d’attraits pour mériter une écoute attentive.