Facebook est propice pour les réunions à distance. En décembre 2015, le chanteur américain Jerome Mazza (Angelica) et le guitariste danois Torben Enevoldsen prennent contact et décident de lancer Pinnacle Point, un projet qui ambitionne de mixer le rock hard "classique" avec la complexité du rock progressif anglais. Le batteur Dennis Hansen (qui a collaboré avec Torben au sein de Section A), Howard Hell aux claviers, Dan Orlando au piano et Cara C au violon complètent la formation, Torben se chargeant également des parties de basse.
Si l’ouverture instrumentale de "Winds of Change" maintient une certaine illusion quant aux velléités progressives, l’utilisation du violon rappelant inévitablement le grand Kansas, le reste de l'album se cantonne dans un rock assez musclé mais extrêmement conventionnel et pas vraiment complexe (ni prog), lorgnant plutôt du côté de Journey, Boston ou même Foreigner. Il apparaît parfois des pointes de Toto (‘With You’ avec ses chords moëlleux, ‘Changes’) ou de Saga (les riffs tranchants de ‘Never Let Go’). L’ensemble est parfaitement exécuté et remarquablement produit, mais enfile les lieux communs avec une opiniâtreté qui laisse rêveur. Au chant, Jérôme Mazza, constamment en force (même sur les ballades : ‘What Will it Take’), aligne les paroles inconsistantes avec une conviction qui confine au sacerdoce, entrecoupant son propos de « wo-o-wo » sensés meubler les vides. Les soli de guitare sont tous dans la démonstration speed, reproduisant des schémas mille fois entendus (‘Never Let Go’, ‘Homeward Bound’). Conséquence directe : tous les titres finissent par se ressembler et l’ennui s’installe avec une autorité souveraine.
La production moderne qui vise à uniformiser la manière de faire sonner un titre, est pareille au torrent de montagne qui finit par rejeter des galets tous semblables sur la grève. "Winds of Change" pourrait également faire penser à un rayon de supermarché, où les légumes parfaitement alignés et entassés sont tous conformes, magnifiques et sans aucune saveur.