Factal Universe est une formation française à la pointe de la technologie, de la technique et de la violence. Parcourant un univers sonore tout de fractales vêtu, la formation dispense un metal à la croisée de chemins entre death technique et progressif.
Les musiciens convoquent les loqueteux, les affreux pour les exhausser, leur insuffler un supplément de sensibilité qui jaillit au travers d'une musique spectrale, violente et torturée. Cette logorrhée vibratoire enfante un genre protéiforme entre Cynic, Dream Theater, Gorguts ou encore Ne Obliviscaris... Voilà des musiciens qui n'ont pas froid aux yeux, qui n'ont jamais peur d'étaler leurs désirs d'excellence, ou leur goût pour phagocyter les genres, qu'ils régurgitent en une synthèse uniforme.
Amis hargneux, nerveux, crasseux, violents, méchants et cruels, amis chaleureux, généreux, cette musique vous ira comme un gant, car issue de la fange la plus puante elle se hisse dans le domaine des dieux, puis transcende le genre qu'il a enfanté. Voilà donc ce qu'est "Engram Of Decline" : une aube nouvelle où la mélodie est déconstruite, où les dissonances sont légion et où les genres se dissolvent dans un tout unique; une forme universelle dans laquelle la guitare plombée et hargneuse cohabite avec le saxophone chaleureux, où la voix grunt traumatise l'auditeur, alors que des effluves mélodiques cajolent, soignent et apaisent les sens.
Pour emporter l'oreille de l'auditeur vers d'autres cieux, l'ascenseur émotionnel grimpe petit à petit : la guitare legato tisse une partition intime, alors que la batterie entame un blast monstrueux. Même si la voix vagit comme une folle, elle est rapidement rattrapée par des paroles à peine susurrées, puis un riff presque djent introduit des constantes variations de métriques. Cette première étape ('Premiss to Reality') expose une personnalité ultra-technique, tournée vers la mélodie et l'émotion. Puis la seconde étape ('Sons of Ignorance') dévoile une facette plus dreamtheatérienne, où sur une base de death la six-cordes fait un tour d'horizon des techniques de jeu les plus pointues : sweeping et speed-picking sont exécutés avec une décontraction à en faire pâlir d'envie plus d'un.
Quant à 'Backworldsmen', il tranche littéralement, ancré dans une épaisseur mortifère de laquelle exsudent des émanations étouffantes. Débutant par une guitare dépouillée qui pose des arpèges sereins, il laisse un rythme lourd s'imposer, alors que des paroles en allemand à peine susurrées tissent un voile de brume et une atmosphère quasi mystique. La guitare solitaire livre une partition fluide, rapide, digne de Michael Romeo, puis un saxophone surprenant retentit comme pour unir les éléments métalliques et les influences jazzy. Enfin un doux piano ('A Name to Deny') nous permet de retomber, de reprendre nos esprits et notre souffle suite à ce bouleversement...
"Engram to Decline" est un opus qui compte dans le monde des musiques progressives, naviguant entre constance death (lourde, brumeuse et poisseuse), envolées lyriques aériennes, incartades jazzy et interventions de six-cordes bluffantes dignes des plus grands. Une rondelle qu'il faut donc écouter, car elle ose des copulations impies entre genres antagonistes, elle ose transcender les barrières, magnifier la crasse pour en extraire une beauté diaphane éblouissante.