Après un "Elation" (2012) hésitant et décevant et alors que leur ancien chanteur vient de dégainer un excellent opus (Jack Russell's Great White "He Saw It Comin' " - 2017), la position de Great White ne semble pas des plus confortables. C'est donc avec un line-up inchangé, fait suffisamment rare chez le Grand Blanc pour être signalé, et le retour de Michael Wagener aux manettes, 33 ans après le premier album éponyme, que le groupe de Los Angeles revient enfin aux affaires pour essayer de retrouver sa place au soleil du hard-rock bluesy dont il a longtemps été le plus bel étendard. La tâche est rude pour ce nouvel opus intitulé "Full Circle", car son prédécesseur avait laissé les amateurs dubitatifs, le groupe ne semblant pas se décider sur la voie stylistique à suivre, alors qu'imposer Terry Ilous en lieu et place de la légende Jack Russell représentait déjà une sacrée épreuve à franchir.
Propulsé par la production claire et puissante du maître allemand des studios, la galette démarre sur les chapeaux de roues avec une belle triplette composée d'un 'I'm Alright' classique, voire évident, mais terriblement efficace, d'un 'Movin' On' plus mid-tempo mais aux mêmes caractéristiques, et d'un 'This Is The Life' bien bluesy et gorgé de feeling, doté d'un refrain accrocheur et d'un nouveau solo de qualité. Rassurant quant à la santé du quintet, cette entrée en matière a également le mérite de répondre à la question sur la direction stylistique prise par la formation de Mark Kendall et Michael Lardie. En effet, et la suite viendra le confirmer, les Californiens sont de retour sur les territoires qui leur conviennent le mieux, à savoir ceux de ce fameux hard-rock ensoleillé, mélangeant l'énergie et la bonne humeur du glam et les émotions du blues.
Il n'y a d'ailleurs rien à jeter dans ce "Full Circle" qui récite son parfait alphabet du Great White en en reprenant tous les meilleurs ingrédients. La ballade 'Let Me In' est hyper classique et sa structure est prévisible, mais son interprétation est imparable. Le groove est présent sous son meilleur jour, que cela soit sur le refrain d'un 'Moonshine' jusque là lourd et puissant, ou sur un 'Give It Up' au refrain cinglant et obsédant. Toujours classique, le single 'Big Time' propose la face la plus directe et accrocheuse du groupe, alors que 'Never Let You Down' laisse s'écouler son mid-tempo incontournable. Seule réelle surprise d'un ensemble ne représentant néanmoins aucune faille réelle, 'Cry Of A Nation' se fait reptilien et envoûtant.
Sans prendre de risque, mais en offrant ce qu'il sait faire de mieux, Great White rassure donc ses fans avec un opus qui brille par la qualité de sa production et de son interprétation. Cependant, s'il surpasse aisément "Elation", il manque à "Full Circle" cette étincelle qui fait les grands albums, ou l'enthousiasme qui emporte l'auditeur par sa fraîcheur, ce qui le laisse malheureusement un léger cran derrière dans l'inévitable jeu des comparaisons avec le "He Saw It Comin' " du Jack Russell's Great White. Ne boudons cependant pas le plaisir que nous procure la chance d'avoir deux bons albums à déguster pour le prix d'un.