Blonde Amer a connu son heure de gloire dès la sortie de son premier album éponyme en 1993 produit par Martin Rushent (producteur entre autre des trois premiers albums des Stranglers, de Téléphone et Joy Division). C'est dire que le groupe parisien a mis la barre haut d'emblée, porté par le single qui a connu un joli succès 'Si Jamais Tu Pars' (et un live à Nulle Par Ailleurs présenté par Antoine De Caunes). Et puis vint le temps d'une médiatisation moindre qui ne rime pas forcément avec inactivité. Car entre 2000 et 2009, s'en sont suivis 3 autres albums et un changement de batteur avec l'arrivée de Alain de Campos (qui a collaboré avec Phil Collins, Joe Cocker, Lionel Richie). Produisant un rock en chant français puisant sa source dans ce qui se faisait de mieux pendant la période oscillant de la fin des années 70 à 80, Blonde Amer sort son dernier né "Tout Ce Délire" en 2017 après 9 années d'absence.
La signature du groupe entre le rouge et le noir illustre l'encre qui trace des paroles pleines de sens comme dans 'Emporte-moi' et le sang laissé sur les guitares ou sur le presque hard 'Tout Ce Délire' qui aborde l'écologie et l'incapacité politique à trouver une solution. Le rock des frères Santelli est souvent teinté de blues comme sur le superbe titre 'Le Vent Se Lève' que n'auraient pas renié les Insus (Ex Téléphone) avec un savoureux solo de guitare à la Bertignac ou Paul Personne. La musique se veut parfois plus légère et presque old school sur 'Il Faut Que Tu T'en Ailles' souligné par Joenice Jamison qui apporte tout son talent de choriste, usant de sa voix soul éraillée tellement chaude. Blonde Amer parle de filles ('Lisa, Lisa' et sa déclaration d'amour), de relations amoureuses, du bilan de sa vie ('Rien De Grave En Soi' et sa mélodie rehaussée par l'harmonica soufflé de main de maître par Yann Malek), de ruptures mais aussi de sujets plus graves comme la religion ('Désolé Je N'ai Pas la Foi' sur une mélodie blues). L'album est agrémenté de la relecture de deux anciens titres : 'Rebelle, Rebelle' et 'En Plein Désert' au groove certain et lumineux.
Le chant clair de Jérôme Santelli s'apparentant à celui de Jean-Lous Aubert s'adapte aux propos : tantôt rugueux, tantôt plus calme. La musique quant à elle vise l'efficacité, l'immédiateté et évite les digressions souvent stériles et vides de sens. Les solos de guitares sont bien sentis et les nappes de claviers apportent profondeur et compléments (notamment sur 'Rebelle, Rebelle' qu'accompagne le son d'un piano digne des plus grands titres rock à la Jerry Lee Lewis).
Blonde Amer n'a jamais totalement disparu de la scène rock française entre son premier album et "Tout Ce Délire" malgré une longue absence de 7 ans depuis 2009 et pourrait aisément trouver un nouvel élan médiatique avec son nouveau-né. Alors certes le groupe n'invente rien mais tel n'est pas le but. Le combo se veut l'artisan d'une musique authentique, s'amuse à faire ce qui lui plaît. A partir de là il compose des titres à la fois accessibles, sans concession et pleins de fraîcheur. Un conseil : délectez-vous de cette Blonde Amer, à consommer sans modération.