Pandra Vox est un jeune projet formé autour d'une voix féminine, soulignée par une musique de prime abord pas facile d'accès, naviguant entre le trip hop à la Portishead et le nujazz, complétée par des touches rock, et dont l'EP traite de sujets d'actualité, graves et dramatiques.
Pour mettre en forme ces thèmes et faire passer ses messages, le groupe n'a pas choisi la solution de facilité que son ADN musical aurait pu laisser supposer, tout en s'appuyant sur la voix protéiforme de Pandra, qu'elle module à sa guise : douce, hargneuse, parfois atteinte d'un grain de folie. La filiation avec Bjork n'est pas très éloignée dès 'Syalle Is Burning' parlant du sentiment d'impunité qui semble être propice au développement des tensions sociales. Cette parenté est accentuée sur 'Hambach' dans lequel le chant de Pandra traduit une quasi crise de schizophrénie dans le refrain hurlé, à l'image de l'Islandaise qui sait émailler ainsi certaines de ses compositions. La voix est au centre de cet album, notamment sur ce titre poignant mêlant espoir et détresse dans les chorus et dont la musique qui les accompagne tutoie des velléités metal bien senties participant à la dramaturgie du thème écologique sur la disparition d'une forêt. Le paroxysme de l'émotion est atteint sur 'What Happened In Wonderland' qui frôle le sans-faute en traitant avec délicatesse du climat négatif actuel causé par ces attentats qui nous rendent ombrageux et entraînent notre perte de candeur. Le nujazz délicat de 'This Is Not A Fishing Boat' et la voix plaintive avec justesse de Pandra donne corps à la détresse des réfugiés en mer qui cherchent une voie de secours.
Si le chant tient le rôle principal de cet EP, la musique est loin d'être en reste et habille remarquablement le tout. Au détour des compositions, le piano, quelques touches electro mais aussi la batterie cinglante et sèche apportent à l'ensemble volume et densité. Les mélodies douces-amères, qu'il n'est pas aisé de s’approprier à la première écoute, se gravent au fur et à mesure dans la tête pour en devenir quasi addictives.
Le chemin choisi par Pandra Vox n'est pas le plus simple car l'album s'agrémente d'une certaine expérimentation dans les choix musicaux et vocaux, non linéaires dans l'interprétation si ce n'est dans la forme. Le groupe invite l'auditeur à rentrer dans son univers aux sujets graves dont la force réside dans le plaisir ressenti à chaque écoute et dans le fait qu'il ne se dévoile pas immédiatement. "Windswept" est un album à écouter au casque, à l'orée d'une forêt, à la belle étoile, comme peut l'être la voix de Pandra qui brille au milieu de la nuit.