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""Is This The Life We Really Want?", œuvre forte et intemporelle, se déguste avec soin et se digère avec passion et patience,. C'est vraiment l'album tant attendu et tant espéré."
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5/5
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Les fans ont tremblé de ne jamais toucher la galette du doigt, même s’ils y croyaient après avoir entendu de nouvelles compositions ('Each Small Candle', 'To Kill the Child/Leaving Beirut'). Espérer, toujours espérer, ne jamais abandonner, puis toucher l’ultime, le saint Graal qui berce ces passionnés. Car nous avions comme été abandonnés après "Amused to Death". Forcément, après ce geyser coloré, le maître n'aurait pour rien au monde laissé ses ouailles au bord du chemin, tout comme le génie de la bouteille abandonne le pauvre hère après trois vœux à peine exaucés.
Il plane sur "Is This the Life we Really Want ?" une ambiance sombre qui voudrait synthétiser les colères, les questionnements et les désillusions, mais fourmille aussi d'instants lumineux (compatibles avec 'Pigs on The Wing' ou 'If'), comme des touches de couleur éclairant l'obscurité. Ainsi la galette semble dès les premières secondes intimiste : la production est quasiment aérienne, les effets sonores moins nombreux, les instruments plus discrets, les interventions de guitare saupoudrées avec parcimonie, les structures plus concises et directes, la voix plus susurrée.
C'est surtout ce chant nasillard et fragile qui peut rebuter, mais est-ce les capacités qui font les hymnes ? Un filet ténu ne renforce-t-il pas la puissance des textes ? On pourra aussi regretter certains tics de composition systématiques : la majorité des albums du géant débutent par des bidouillages sonores. Alors, oui on retrouve ce travers sur 'When We Were Young', qui reprend à son compte le cœur palpitant croisé sur la face obscure de la lune.
Dès les premiers couplets, Waters dresse comme le constat d'un paradis sur une musique prolongeant 'Southampton Dock' : voix susurrée, mouvement musical lent qui invite avant tout à la réflexion et l'introspection. Puis, au son du tic-tac d'une horloge (encore une réminiscence de 'Time' ou de 'The Bravery of Being out of Range Prt 2'), la piste donne naissance à 'Déjà Vu', alors qu'une guitare acoustique égrène des accords soyeux. La voix pleine d'émotion entonne un hymne poétique, soutenu par un piano et des cordes douces. Mais cette douceur dessine, souligne un désenchantement noir, qui incite à se remettre en question, à regarder au-delà de soi, derrière le rideau opaque qui laisse filtrer la lumière ténue de l'espoir.
Même si cette lumière n’est pas à l'ordre du jour sur 'The Last Refugee', on y sent une infinie tendresse mêlée au désenchantement dans cette ambiance digne de 'Perfect Sense Part I' : harmonies douces qui laissent vagabonder les sens. La composition construit un rythme carré jusqu'à ce qu'une guitare acérée et vénéneuse entame une lente montée en puissance vers un rock acide évoquant "Radio KAOS". Quant à 'Broken Bones', il poursuit la veillée au coin du feu avec une belle guitare acoustique simple et touchante. Mais chassez Waters, il revient au galop et disperse des paroles cyniques qui font écho à 'Southampton Dock'.
'Is This The Life We Really Want ?' est une critique des médias qui, par une lente montée en puissance parcimonieuse, développe l'image sombre d'un rêve doré (rien de neuf me direz-vous). Est-ce ce rêve de carton papier et d'or fin que nous voulons ? Est-ce pour cette poursuite illusoire d'un bonheur fallacieux que nous abandonnons les fondements humains ? Cette humanité alors piétinée disparaît petit à petit en fumée "à chaque fois qu'un imbécile devient président".
'Bird In A Gale' suit, enchaîné avec génie et nous entraîne dans des myriades d'effluves sensuelles (semblables à 'Watching TV'). Puis, sur des mélodies graves et simples, ou des rythmes plus marqués qui renvoient inévitablement à 'Any Colour You Like, 'Smell The Roses' nous mène plus loin vers l'apaisement, comme si le bassiste s'était non pas résigné, mais continuait son combat de l'intérieur tout en présentant ce visage plus serein.
"Is This The Life We Really Want ?" est l'album que nous avions espéré, même s'il est en deçà de "Amused To Death", car il lui manque ce supplément de magie. Néanmoins, l'œuvre se déguste avec un plaisir immense et se digère suite à une multitude de passages de platine. Roger Waters y est tout et son contraire : brillant, énervant, complexe, facile, irascible, tendre, dédaigneux, attentionné, enthousiaste, empathique, cynique, comme l'est au final ce nouvel album.
Plus d'information sur
http://rogerwaters.com/
LISTE DES PISTES:
01. When We Were Young - 1:38 02. Déjà Vu - 4:27 03. The Last Refugee - 4:12 04. Picture That - 6:47 05. Broken Bones - 4:57 06. Is This The Life We Really Want? - 5:55 07. Bird in a Gale - 5:31 08. The Most Beautiful Girl - 6:09 09. Smell the Roses - 5:15 10. Wait for Her - 4:56 11. Oceans Apart - 1:07 12. Part of Me Died - 3:12
FORMATION:
David Campbell: Arrangements De Cordes Gus Seyffert: Guitares / Basse / Claviers Holly Laessig: Chant Jessica Wolfe: Chant Joey Waronker: Batterie Jonathan Wilson: Guitares / Claviers Lee Pardini: Claviers Nigel Godrich: Guitares / Claviers Roger Joseph Manning, Jr: Claviers Roger Waters: Chant / Guitares / Basse
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(5) AVIS DES LECTEURS
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Est-ce Roger Waters qui n’en a pas tout-à-fait terminé avec ses vieux démons, ou bien l’auditeur suspicieux (dont je suis) qui fatalement va rechercher la trame recyclée d’un nouvel album succédant à "Amused to Death" après 25 ans ?
Après tout, sur la démarche, on ne peut pas vraiment critiquer l’ami Roger : bien des groupes et des artistes ont cédé à la tentation du retour tardif, souvent sous la forme du baroud d’honneur. Pink Floyd d’ailleurs, il y a peu, avec l’inattendu "The Endless River".
Il est vrai que la griffe de Roger est reconnaissable entre mille. Et à l’évidence on ne peut pas renier la réalité du recyclage dont fait preuve "Is this the life…". Mais avec Roger, c’est presque symptomatique : je ne l’ai jamais perçu comme un compositeur par vocation, mais par exutoire, par l’essence même de sa nature d’écorché vif.
Alors, on a vite fait de retrouver quelques marquantes harmonies empruntées aux albums précédents, ainsi qu’à la dernière période floydienne en mode Waters. Pour reprendre le fil de la chronique et des avis exprimés, je dirais que ce nouveau (et ultime ?) chapitre s’apparente davantage à "Animals" et "The Final Cut", dont je reste, à tout jamais certainement, un admirateur inconditionnel, qu’à "The Wall" ou "Amused to Death". 'Déjà Vu' avoue d’emblée sa nostalgie pour 'Pigs on the wing', et 'Bird in a Gale' pour les échos électrisés de 'Dogs'. Mais on notera aussi un 'Broken Bones' très proche de 'Paranoid eyes', ou encore un développement final qui reprend la structure de la conclusion de "Final Cut" : 'Smell the Roses' en porte-étendard de la résilience humaine, et qui vous fait ressortir la tête de l’eau –juste ce qu’il faut– à l’image de 'Not now John', et l’enchaînement de 'Wait for Her', 'Oceans apart', 'Part of me died', embeddés dans le même élan, qui n’est pas sans rappeler le retour au calme –très relatif– décrété par 'Two Suns in the Sunset'.
"Is this the life…" ne pourra sûrement pas égaler ses prédécesseurs. Il n’a pas l’extraordinaire aura de "The Final Cut" (je fais partie des rares qui la lui trouvent), ni la puissance du désespoir abyssal porté par "Amused to Death". Mais on l’écoute avec un réel plaisir, et on se surprend à penser qu’avec quelques hurlements bien placés, comme Roger savait les faire autrefois, il y aurait même de quoi réouvrir, juste un instant, la boîte de Pandore enfermant le vague à l’âme des incurables, celui dont la saveur et la noirceur sont forgées dans un même bloc.
Roger aurait dû quitter le navire de Pink Floyd, dès "The Final Cut" : cela aurait peut-être empêché les principaux aficionados du Floyd de percevoir cet album incroyable comme une imposture, et posé la réelle première pierre, emblématique, de sa discographie solo. Peut-être, alors, "Is this the life" aurait pu être accueilli, beaucoup plus largement, comme la continuité de l’œuvre d’un génie, et non comme le nième verbiage d’un capitaine arrogant et caractériel, banni par son propre équipage.
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Le nouvel album de Roger Waters prend tout son sens après plusieurs écoutes. Le musicien a encore des choses à dire, à sa façon, parfois cynique, souvent touchante, avec le parti-pris d'une musique plus minimaliste, mois arrogante, voyante et m'as-tu-vu qui accentue encore plus le concept. Inutile parfois de faire grand bruit pour faire passer des messages. Chapeau Monsieur Waters.
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Certes, pas beaucoup d'originalité à attendre de cet album, mais si vous avez aimé "The Wall" et surtout "Animals", vous aurez probablement une chance de l'apprécier. Du moins si vous n'espérez pas être surpris ou déstabilisés mais au contraire êtes prêts à accepter de replonger avec nostalgie dans un passé que les très nombreuses analogies avec les deux albums précités ne manqueront pas d'évoquer.
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Voir les 5 avis des lecteurs
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(0) COMMENTAIRE(S)
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LECTEURS:
4.2/5 (5 avis)
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STAFF:
3.7/5 (10 avis)
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