D’où vient l’inspiration d’un artiste ? De ses tourments personnels ? De ses peurs et de ses phobies ? De ses addictions ? De ses émotions ? Ou est-ce une tentative introspective de rester en contact avec ses rêves et son subconscient ? Ces interrogations métaphysiques fondent le propos du quatrième album de Caligula’s Horse. Avec un tel synopsis, seul le talent permet d’éviter l’écueil du concept-album pompeux et prétentieux.
Et de talent, le groupe de Brisbane n’en manque pas. En seulement six ans, les Australiens se sont hissés aux avant-postes du metal progressif moderne et ont assuré les premières parties de Mastodon, Opeth, Pain Of Salvation et bien d’autres. Avec "In Contact", Caligula’s Horse franchit un nouveau palier et confirme tous les espoirs placés en lui.
D’abord en illustrant son ambitieux propos par des textes poétiques bien ancrés dans le réel, aux accents parfois étonnamment politiques et violents, notamment le poème déclamé ‘Inertia And The Weapon Of The Wall’ qui fustige la corruption et l’injustice. Ensuite et surtout en développant des compositions d’une richesse mélodique impressionnante, mises en valeur par le chant éblouissant de Jim Grey et la guitare lumineuse et inspirée de Sam Vallen. Outre la virtuosité des deux fondateurs du quintet, l’arrivée derrière les fûts d’un nouveau batteur, Josh Griffin, apporte indéniablement à la musique du combo la subtilité qui pouvait parfois faire défaut à l’opus précédent, "Bloom".
"In Contact" est un album funambule, équilibre parfait entre metal et rock progressif. Les morceaux puissants et heavy (‘The Cannon’s Mouth’, ‘Songs For No One’, ‘Dream The Dead’) côtoient les ballades acoustiques intimistes (‘Love Conquers All’, ‘Capulet’). Les titres djent (‘Will’s Song’, ‘Fill My Heart’) fréquentent les chansons pop (‘The Hands Are The Hardest’). Le mélange et la variété des ambiances sonnent comme une évidence grâce à des mélodies jubilatoires et addictives. L’album est une leçon de musique progressive moderne et se clôt par l’énorme ‘Graves’, joyau de quinze minutes, parfaite synthèse de l’inspiration débridée du groupe, véritable orgasme auditif provoqué par l’étreinte entre la subtilité du chant et les envolées des guitares, sublimé par l’intrusion d’un saxophone.
Avec cet album, Caligula’s Horse ne se contente pas de nous offrir son meilleur album à ce jour. Le groupe entre définitivement de plain-pied dans la cour des plus grands grâce à la richesse et à l’intelligence de ses compositions. "In Contact" est un disque addictif et captivant, un vrai bonheur pour les amateurs de metal progressif mélodique moderne.