Après un "Titan" de très bonne facture, sombre comme l'enfer, les Hellènes occultes sont de retour avec leur symphonisme outrancier, pour nous inviter à un énième voyage au cœur de leurs enfers sonores. Est-ce que tout ce que Grecs touchent se transforme immédiatement en or noirâtre ? Cette nouvelle oraison macabre qui chante la litanie des ténèbres ("Codex Omega") poursuivra-t-elle le même chemin ?
En premier lieu, les bases sont présentes : enluminures classiques grandiloquentes, guitares acérées se partagent l'espace sonore, alors que les voix se répondent entre enfer et paradis. "Codex Omega" ne semble pas s'éloigner du style défini il y a une décennie, celui où s'entrechoquent des courants éloignés, donnant naissance à des myriades de particules sonores non répertoriées. Cette nouvelle rondelle est donc un bain d'éléments étranges ou reconnus, de parties pachydermiques, de cavalcades effrénées, ou de mélodies sombres qui exhaussent des pulsions inavouées.
Les Grecs aiment aussi renverser les codes quand la terreur naît des instrumentations classiques alors que les guitares semblent apaiser le discours. Nous entrons en territoire balisé, et même si 'Dantes Inferno' débute par une guitare acoustique légère et des cordes romantiques, la lourdeur reprend rapidement ses droits, les riffs sont précis, le rythme martial. Puis la voix caverneuse gronde, alors que la double pédale tapisse le sol de bombes de plasma. Dans cette entame, les orchestrations sont très travaillées, mais aussi effrayantes.
Ensuite 'Third Testament' déballe un rythme carré, un blast percutant, une mélodie portée par la guitare, des orchestrations noires de sang : maître dans l'art du lyrisme noir, le groupe l'est aussi dans celui des mises en place habiles. 'Portrait' nous dévoile un violon acide, presque mystique. Enfin la surprise vient de 'Dark Art' ou 'Our Church', qui superposent au chant grunt des vocalises claires dans la lignée du duo Loez de Supuration. Le groupe nous offre ainsi comme un nouveau visage plus gothique, finalement plus troublant.
Une fois n'est pas coutume, Septicflesh livre avec "Codex Omega" un pilier majeur et indispensable dans sa discographie foisonnante, une pierre d'angle à l'édifice majestueux de ses productions exceptionnelles. Cette œuvre semble tellement évidente et si bien couler de source que l'on se demande s'ils n'ont pas vendu leur âme à un quelconque diablotin, et ainsi arriver à porter leur art romantique noir au niveau du sublime et du merveilleux.