"Gothica"
est le 13ème album de Ten, le groupe britannique de Gary Hughes. En
21 ans d'existence, les fans n'ont pas à se plaindre. Question
productivité ils sont plutôt bien servis. Opus de hard rock
mélodique à tendance classieuse, l'objet a été concocté de
toutes pièces par le désormais chauve frontman suscité. Seul son
enregistrement a été confié à l'inépuisable bassiste de Pink
Cream 69 Denis Ward.
Le
hard rock mélodique ne fonctionne que si ses mélopées accrochent
l'auditoire et il peut aisément tomber dans les chausse-trappes de
la fadeur et de la redite. Et "Gothica" porte en bandoulière les
qualités et les défauts du genre. En effet, l'écoute de cet opus
nous soumet à une expérience de montagnes russes sensorielles et
c'est alternativement que nous passons de conquis à déçus.
L'origine de la problématique trouve-t-elle sa source dans le côté
plus sombre et heavy qu'à l'accoutumée des ambiances, ou bien dans
l'échec de certaines mélodies ? La réponse se niche probablement au
cœur de l'entrelacs de ces deux causes.
Au
rayon des réussites, il est permis de citer 'The Grail', le titre
d'ouverture qui aurait pu figurer dans l'album "The Robe", certainement un des opus les plus réussis de Ten. Doté de murs de sons
guitares/synthés sacrément solides, il assure une mise en bouche
remarquable. Il est pertinent également d'évoquer le magnifique et fort teinté AOR
'Travellers'. N'oublions pas dans les bonnes notes celle qu'il convient
d'attribuer aussi au tubesque 'In My Dreams', un titre particulièrement
radio friendly et à la power ballade 'Paragon'. Dans la catégorie
mi-figue mi-raisin, 'Man For All Seasons' sauve quant à lui ses
meubles grâce à quelques moments entraînants.
A
contrario citons les passables 'Jekyll et Hyde' et 'Welcome To The Freak
Show', trop rock, trop directs, exsangues de mélodies notables. Mais
également un 'La Luna Dra-cu-la' qui
séduit sur les couplets - Gary Moore, sors de ce corps - mais énerve
sur le refrain et la troisième ballade de l'album, le bien pauvre
'Into Darkness'.
Ainsi
vogue le navire "Gothica", entre creux et crêtes de vagues, entre
angoisse des profondeurs et navigation vivifiante sous des cieux
d'opaline. Aurez-vous le mal de mer à son écoute ou parviendrez-vous à ne garder que les bons souvenirs du voyage ? Concluons qu'il
est tout de même conseillé d'embarquer à bord du vaisseau, cet
opus étant globalement en effet de facture appréciable.