La Lombardie n'aurait-elle plus le moral au point que Milan soit en passe de devenir la Seattle européenne ? Après l'excellent album de Down The Stone, c'est à se poser la question avec l'arrivée de LambStonE, nouveau quintet en provenance de l'agglomération du nord de l'Italie et formé en 2013 autour de la paire de guitaristes composée par les frères Ancona. Le groupe avait commencé à faire parler de lui en 2015 avec le single 'Grace', proposant un rock mélancolique et sombre, à la frontière du grunge et de l'alternatif, porté par la voix profonde et éraillée d'un Alessandro Di Bello qui n'est pas sans rappeler Eddie Vedder (Pearl Jam) ou Chad Kroeger (Nickelback). Le voici qui offre enfin son premier opus avec ce "Hunters & Queens" qui risque bien de faire parler de lui en des termes élogieux.
Car si la formation transalpine a pris son temps pour offrir son premier recueil longue durée, elle fait preuve ici d'une maturité rare pour un premier album, laissant découvrir au passage des musiciens de premier ordre qui n'ont pas grand-chose à envier à leurs aînés nord-américains. Nous en parlions en introduction, mais le chant d'Alessandro Di Bello est sans conteste la plus belle révélation de cet opus. A la manière d'un Eddie Vedder, il est tout aussi capable de faire preuve de puissance ('Jesus', 'Grace') que d'une fragilité laissant apparaître de légers trémolos traduisant la profondeur des émotions proposées ('Queen', 'Stronger'). S'appuyant sur une section rythmique sans faille au sein de laquelle brille le travail d'orfèvre d'Andrea Castellazzi à la batterie, les frères Ancona réussissent avec talent à renforcer la puissance émotionnelle et évocatrice de chaque titre, en particulier au travers de leurs soli. Ces derniers n'ont que rarement besoin d'une longue durée pour toucher l'âme de l'auditeur, en se faisant parfois fragiles et en équilibre ('Hunting', 'Queen', 'Stronger').
Bien qu'un certain sentiment de linéarité puisse parfois apparaître, les Italiens réussissent cependant à suffisamment varier tempi et intensité pour garder captive l'attention de l'auditeur. Bien que confirmant l'influence principale de Pearl Jam, 'Stronger' redresse la tête tel un être blessé faisant appel à tout son courage pour se relever. Avec ses paroles à double-sens, 'Jesus' maîtrise sa colère derrière un rythme plus enlevé qui n'est pas sans rappeler Nickelback. L'ombre des Canadiens plane également sur un 'Hopeless' accrocheur tel un appel à l'aide et bénéficiant d'un final lumineux. Enfin, la puissance et la profondeur de 'Grace' rendent palpable le désespoir derrière la rage affichée avant que les guitares ne déversent un superbe solo final sur une surprenante et ébouriffante accélération.
Avec ce premier album mature et abouti, les Italiens se positionnent d'emblée parmi les principaux espoirs d'un rock mélancolique et énergique digne des meilleures formations nord-américaines du genre. En s'éloignant encore un peu de l'ombre de Pearl Jam et en approfondissant un peu plus leurs influences en provenance du rock alternatif, il y a fort à parier que les Milanais réussissent à rapidement confirmer le talent qui éclabousse déjà cette première œuvre et mérite de rapidement les installer sur les sommets du genre.