Projet du multi-instrumentiste polonais Michal Wojtas, Amarok a publié coup sur coup trois albums au début des années 2000 avant de couper le son durant quinze années. Fortement influencée par Mike Oldfield à ses débuts (on s'en douterait), la musique d'Amarok a pris ensuite quelques distances avec l'univers du maestro lors de la publication de "Metanoia", tout en conservant quelques références que l'on retrouve aujourd'hui sous la forme de sonorités de guitare façon "Songs From the Distant Earth". De retour aux affaires, Michel Wojtas nous propose en 2017 sa nouvelle publication, "Hunt", dont la sortie s'accompagne de la réédition de ses trois premiers albums.
Avec des sonorités désormais plutôt éloignées de l'univers oldfieldien, "Hunt" nous entraîne de prime abord dans des ambiances atmosphériques faites de claviers planants sur lesquels viennent se glisser des dentelles de guitare. Plus présent que sur ses précédents travaux, le chant reste majoritairement assuré directement par notre homme à (presque) tout faire, avec toutefois le recours à deux pointures "locales" auxquelles il a confié l'interprétation d'un titre chacun. C'est tout d'abord Mariusz Duda (Riverside) qui se prête au jeu pour une nouvelle prestation soignée sur 'Idyll', sa voix chaude et soyeuse s'accordant parfaitement aux ambiances sereines qui émanent de ce titre.
Plus inattendu, Colin Bass (Camel) assure quant à lui une partition plus convenue sur la première partie de 'Nuke', avant que le morceau ne monte en puissance dans un chorus final de toute beauté.
Mais, loin de se contenter de l'univers balisé du néo-progressif atmosphérique, Amarok nous entraîne sur des rivages flirtant avec la world music, dans un premier temps avec le splendide 'Two Sides' où les longues stridences de duduk tissent une atmosphère à la fois sereine et inquiétante, s'accordant magnifiquement avec la guitare et les longues nappes de clavier. Puis c'est au tour de 'In Closeness' et ses percussions sautillantes de prolonger le fil d'une musique balançant entre deux rives, dont le métissage contribue à la mise en place d'une ambiance envoûtante à plus d'un titre.
L'auditeur oubliera rapidement un 'Winding Stairs' quelque peu pataud, pour s'offrir en guise de récompense le plat de résistance de l'album, j'ai nommé le joyau 'Hunt'. Du haut de ses presque 18 minutes, un univers musical fantastique vous contemple, fruit de l'assemblage judicieux d'une trame de fond électronique rappelant les boucles des années 70 de Tangerine Dream avec des interventions successives de spoken word, d'une voix féminine, de guitare gilmourienne ou de sonorités de claviers installant une ambiance dont on souhaiterait qu'elle ne s'achève jamais ! Un grand moment envoûtant, constitué de lentes montées en puissance suivies d'un retour dans des eaux plus calmes, tout en restant dans la tendance atmosphérique qui sied si bien à cet album.
Album le plus consistant de la discographie d'Amarok, "Hunt" frise le sans-faute, avec un ordonnancement des plages tout à fait judicieux, marquant une évolution lente au fil des minutes. Un univers à découvrir et à déguster en toute sérénité.