Les dream-teams poussent chez Frontiers de manière aussi prolifique que les herbes sauvages dans les jardins. A peine une nouvelle formation de ce type voit-elle le jour qu’une autre nous est présentée. Pour les amateurs de hard rock mélodique, le fait que les productions du genre pullulent leur donne bien entendu moult occasions de s’empiffrer des sonorités tant appréciées. Reste que bien souvent abondance de biens peut nuire, contrairement à ce que nous assène l’adage. En effet, outre le fait qu’à trop vouloir se gaver on peut finir par être rassasié, existe également la problématique majeure de tomber de plus en plus fréquemment sur des produits peu rutilants. La question du jour est donc la suivante : le nouveau-né Kryptonite rutile-t-il ou bien ne rutile-t-il pas ?
Ce nouveau combo nous vient de Suède et comporte en son sein Samuel Jakob, le vocaliste de The Poodles, Pontus Egberg, bassiste de Treat, Robban Bäck le batteur de Mustasch, et Mike Palace le guitariste du récent groupe du même nom. Ce rassemblement téléguidé restant cohérent et attractif sur le papier, c’est donc plutôt confiant que l’aficionado de mélodies rockeuses va aborder cette galette.
Tout d’abord, reconnaissons que question son c’est du sérieux. Allesandro Del Vecchio - qui assure également les claviers - n’est pas qu’envahissant ces temps-ci, il est également performant question production. Ensuite, avouons que question artwork nous n’avions pas vu aussi original depuis un bout de temps. Une pochette en forme de couverture d’un comics c’est plutôt bien trouvé. Il faut dire qu’avec un tel nom, le groupe ne pouvait que faire un clin d’œil à Superman d’une manière ou d’une autre, la kryptonite étant - aparté spécial non-aficionados - le talon d’Achille du beau gosse en collants.
Question style musical nous sommes bien ici au beau milieu des terres du hard rock mélodique. Un hard mélo qui tend forcément vers des sonorités à la Poodles, mais qui parfois nous emmène vers Guns N’ Roses quand le chant s’inspire de celui du père Axl. La mélodie qui accroche est toujours recherchée. Qu’elle ondule dans des mid-tempi entraînants, accompagne des rythmiques qui pulsent ou enrobe de suaves ballades, le soin porté à sa présence est constant. Et la réussite est souvent au rendez-vous.
A titre d’exemple peuvent être ici évoqués le détonant 'Chasing Fire' qui ouvre l’opus, 'Get Out Be Gone' qui fait notre pied taper tout comme le branché 80’s 'No Retreat No Surrender', le plus rythmiquement modéré 'Fallen Angels' qui fleure bon les Poodles et son binôme de rythme 'One Soul', fort réussi et très FM. Au rayon des vraies satisfactions peuvent être également cités question ballades un 'Knowing Both Of Us' que n’aurait pas renié la bande à Axl et l’exceptionnel 'Across The Water'.
Ainsi, pour en revenir à la taraudante question posée dans l’introduction de cette chronique, il semble plutôt acquis que ce premier album de Kryptonite rutile et que cette nouvelle engeance sortie des laboratoires expérimentaux de chez Frontiers mérite qu’on se penche sur son berceau. Le nouveau-né préférant certainement que ce soient des fées qui le couvent des yeux que d’hirsutes hard rockers, nous vous conseillons de leur laisser tout de même une petite place autour du couffin.