Le retour aux origines réalisé sur "Songs From The West Coast" (2001) a, semble-t-il, eu un effet vivifiant pour Elton John. Non sans avoir sorti une nouvelle compilation entre-temps ("Greatest Hits 1970-2002"), voici l'artiste britannique de retour avec un nouvel opus qu'il décide de produire en solo pour la première fois de sa carrière, tout en dédicaçant celui-ci à Gus Dudgeon, décédé en 2002. "Songs From The West Coast" célébrait le retour du piano au travers de titres essentiellement inspirés par la musique de la côte ouest américaine. Avec "Peachtree Road", Elton John reste aux Etats-Unis mais, cette fois, en faisant cap vers les états du sud, et en particulier vers Atlanta où le chanteur possède une propriété dans le quartier de... Peachtree Street.
Entouré d'une équipe stable au sein de laquelle Bob Birch a remplacé Paul Bushnell à la basse, Sir Reginald s'oriente rapidement vers une douceur déclinée sur la plupart des 12 titres de ce nouvel opus. De l'envoûtant 'Weight Of The World' mariant mélancolie et résilience à un 'I Can't Keep This From You' à l'orgue old-school aux accents de Procol Harum, les occasions de taper du pied se font rares. Seul 'They Call Her The Cat' s'écarte des calmes plaines dédiées aux ballades en tous genres en s'aventurant sur le territoire d'un bon vieux rock'n'roll bluesy à la ritournelle de guitare obsédante. Pas de quoi se démettre une vertèbre ou une articulation pour autant. C'est donc vers d'autres éléments que le tempo qu'il faut se tourner pour trouver des variations d'intensité sur cet opus.
Car Elton John est devenu depuis longtemps un maître ès-ballades et si l'exercice peine à maintenir l'attention en éveil durant douze titres, il n'en offre pas moins quelques nouvelles perles telles que 'Porch Swing In Tupelo' et 'Answer In The Sky' avec leurs éléments gospels leur conférant une intensité typiquement sudiste. Le second bénéficie également d'un refrain hyper accrocheur qui hante la mémoire de l'amateur durant de longues heures. A noter également le single 'Turn The Lights Out When You Leave' avec sa slide et son joli solo de piano dans une ambiance totalement country. La vidéo de ce titre propose une prestation de la Desparate Housewife Teri Hatcher, et Elton John offrira une version live en duo avec Dolly Parton au Madison Square Garden qui marquera les esprits. Après être passés par la jolie pop-jazz de 'My Elusive Drug', la soul de 'Freaks In Love' ou une légère et très 80's 'All That I'm Allowed', nous noterons également la poignante 'I Stop And I Breathe'. Elton John y retrouve la puissance évocatrice des années 70 aussi bien dans la tonalité que dans l'intensité pour un résultat poignant renforcé par de belles lignes de cordes.
Malgré la qualité globale des titres présentés, le résultat final reste néanmoins décevant et n'atteint pas les sommets de "Songs From The West Coast". A trop tirer sur la corde de la douceur, Elton John finit par lasser et à perdre l'attention de l'auditeur qui risque bien de s'endormir avant la fin des douze titres proposés ici. "Peachtree Road" est loin d'être un mauvais album mais il marque un nouveau retour dans la moyenne pour le sujet de sa gracieuse majesté qui n'arrive plus à enchaîner deux grands albums depuis bien longtemps maintenant.