En 1972 naissait aux Pays-Bas une formation de rock progressif symphonique connue sous le nom de Kayak. Après avoir sorti 8 albums dans les années 70, le groupe fit une pause de 15 ans, avant de se reformer en 1999 autour d’un nouveau line-up. Malgré une longévité record (46 ans de carrière si l’on exclut la longue trêve à la fin du siècle précédent), rares sont les mélomanes qui gardent un souvenir impérissable de la formation hollandaise. Pourtant Kayak n’a pas dit son dernier mot et sort en 2018 son 17ème album, baptisé "Seventeen" pour l’occasion avec un effectif totalement remanié, le claviériste et membre originel Ton Scherpenzeel étant le seul membre du groupe à être toujours présent depuis le dernier album sorti en 2014.
Face à tant de changements, les craintes et appréhensions des fans de Kayak paraissent légitimes. Et pourtant, dès les premières secondes, c’est un torrent symphonico-progressif qui s’abat sur nos oreilles non préparées. Les mélodies sont belles, riches et parfaitement bien construites, les enchaînements sont d’une fluidité rare et l’inspiration est à son paroxysme. L’album regorge de titres courts et addictifs, à l’instar de l’excellent single ‘Feathers And Tar’, l'envoûtant 'Falling', l'entraînant ‘God On Our Side’ ou du mélodique ‘Love Sail Away’ qui n'ont besoin que de trois courtes minutes pour vous embarquer dans leur univers.
Mais qui dit rock progressif dit également titres longs et complexes. Rassurez-vous, vous ne serez pas lésés, car la force de cet album réside justement dans l'équilibre entre des titres courts et accrocheurs et des chansons plus longues et abouties. Dans le genre se distingue l’immanquable et magnifique ‘Walk With Fire’ au cours duquel s’enchaînent des atmosphères très variées et réjouissantes. Enfin, comment ne pas parler du titre phare qui devrait être unanimement considéré comme la merveille de l’album : ‘La Peregrina’. Long de ses 11 minutes, le titre est certainement l’un des hymnes progressifs de l’année, nous transportant d’ambiance en ambiance, allant des couplets posés qui rappelleront ceux de ‘When All Is Lost’ de Symphony X, jusqu’aux riffs puissants en milieu du titre, en passant par quelques moments de piano exceptionnels.
Seul le milieu de l’album perd un peu en intensité avec le pop ‘All That I Want’, quoique bien construit, et son successeur ‘X Marks The Spot’, bref intermède de 2 minutes, avant un final réussi. Une légère baisse de régime qui ne dessert toutefois pas l’excellente qualité générale de l'album.
Malgré son quasi-demi-siècle d'existence, Kayak parvient à se renouveler brillamment avec un 17ème album très inspiré et diversifié regorgeant d'excellentes idées. 2018 ne démarre qu’à peine, mais il se pourrait bien que les Néerlandais aient réalisé l’un des meilleurs albums de rock progressif de l’année. Seul le temps nous le dira !