Devoid est le projet du guitariste français Shad Mae, leader de Shaydon. Il s'est entouré de membres de son groupe ainsi que du chanteur Carsten "Lizard" Schulz (Evidence One) et de Ben Wanders (Shardborn). Et pour que la fête soit encore plus folle, une ribambelle de guitaristes prestigieux est également conviée comme Mattias IA Eklundh (Freak Kitchen), Henrik Danhage (Evergrey), Daniel Palmqvist (Beyond The Katakomb) et Magnus Karlsson (Primal Fear), rien que ça !
Avec une telle affiche, pas étonnant de retrouver un heavy metal mélodique léché et teinté d'une touche de prog. La six-cordes y règne en maître à grands coups de riffs ravageurs, parfois brutaux comme sur 'Agony' mais toujours heavy à souhait. Ainsi la majorité des titres affichent des structures relativement classiques toutes reliées par le sacro-saint Riff, ciment de ce "Cup Of Tears", au premier rang desquels ceux de 'Otherworld', 'Collective Heart' et de l'excellent 'Mind Keeper'. Les soli ne sont pas en reste et ponctuent chaque chanson d'un morceau de bravoure interprété par les guests chacun leur tour, et ça virevolte dans tous les sens. Même les morceaux les moins rapides regorgent de tiroirs mélodiques et techniques dignes d'intérêt ('Colors Fade To Grey' ou 'Religion').
Comme à son habitude avec Shadyon, Mae habille sa musique de nappes de claviers enveloppantes très présentes ici aussi. Elles apportent une touche entre symphonisme et progressif à la Symphony X. Elle renforce un autre aspect important de ce "Cup Of Tears", la mélodie. Autre pierre angulaire de l'écriture du Français, c'est à Carsten Schulz qu'il est confié de la magnifier. Sa voix très puissante est taillée pour ça. Elle est également très aiguë ce qui apporte un côté vintage de groupes comme les Iron Maiden ou Judas Priest du début des années 90. Attention toutefois à ne pas friser l'overdose car 55 minutes de décibels si haut perchés peuvent fatiguer l'auditeur non averti, tout comme les "Oh Yeah ..." de l'introductif 'Soldiers'. Mention spéciale à l'instrumental 'Follow Point' qui permet de souffler un peu et qui amène une variété dans la composition avec des sonorités orientales, une dimension théâtrale et encore une démonstration de virtuosité à tous les niveaux. Le sommet de l'album.
Plus heavy, moins prog mais plus direct et tout aussi technique que ses productions parallèles, "Cup Of Tears" légitime le projet de Shad Mae, un Devoid déjà accompli et si prometteur. Car on en redemande et les fans des Evergrey, Royal Hunt et autres bons élèves de l'école heavy allemande - Edguy ou Gamma Ray en tête - ne peuvent qu'être enthousiastes à l'écoute d'un album aussi abouti. Mae a trouvé une alchimie intéressante entre rythmes modernes, mélodies efficaces et heavy old school, le tout servi par une production irréprochable. Le heavy metal dans toute sa splendeur.