L’an passé le label Frontiers avait sorti de ses tiroirs mélangeurs magiques un nouveau groupe nommé Phantom 5 constitué de Claus Lessmann, l’ex-vocaliste de Bonfire, Francis Buchholz, l’ex-bassiste de Scorpions et de membres de Frontline, Jaded Heart et Mad Max. L’équipée teutonne vient de donner suite à l’album éponyme qui naquit de cette union tout en perdant en route son bassiste célèbre. "Play II Win" est son nom de baptême.
Clauss Lessmann a une voix tellement particulière qu’à l’écoute des titres de Phantom 5 on croirait entendre des morceaux enfantés par Bonfire. Il faut dire que les couleurs des compositions de la nouvelle bande du Bavarois sont issues du même arc-en-ciel que celles composant le spectre de son ancien combo, auteur de seize albums studio depuis 1986.
Le hard mélodique d’outre-Rhin est bien entendu ici à l’honneur. Ainsi à l’écoute des onze titres qui parsèment cet opus, on est pris d’aise en reconnaissant quelques terres bien connues, celles arpentées par des combos allemands qui, à l’instar de Bonfire, ont titillé nos vieux tympans de hard rocker des 80’s comme Mad Max, Accept, Sinner (donc parfois Thin Lizzy) et Scorpions. Tous ces groupes savent sur quelles bases reposent le hard mélodique, soit le punch et la mélodicité, et Phantom 5 a bien retenu la leçon.
Ce "Play II Win" commence sur les chapeaux de roues avec un 'The Change In You' des plus tonitruants et possède quelques belles perles entraînantes au possible avec notamment 'Baptised' et 'Play To Win'. Mais la plupart des titres, s’ils sont de qualité acceptable, ne marquent pas plus que ça les esprits, d’autant que la fin de l’album fleure la progression en pilotage automatique affichant une trop grande linéarité. Par ailleurs, ce second essai de Phantom 5 est extrêmement proche du premier, à tel point que ça en est parfois gênant. Les groupes de hard rock mélodique ne sont certes pas habitués à varier leurs plaisirs, mais quand la copie conforme n’est pas loin, l’auditeur peut ressentir quelques bouffées de contrariété.
Cet opus teuton risque donc fort de n’attirer que les nostalgiques des 80’s et particulièrement les fans de Bonfire. Certains d’entre eux pourraient également ne pas y trouver leur compte et concluront que "c’était mieux avant". Il est à craindre que le reste de l’auditoire trouve ce "Play II Win" un tantinet mièvre. Néanmoins, ne boudons pas notre plaisir et terminons sur une note positive en remerciant Phantom 5 d’avoir au moins essayé de nous offrir ici, certainement en toute générosité, une madeleine de Proust.