J'ai toujours aimé mêler les chaleurs, le vent soufflant sur le sable chaud et le death. Ces vibrations se marient à merveille avec les vacances et coïncident avec la moiteur, bien mieux que les rythmes hyper-sexualisés des tubes de l'été. Le dernier Decapitated fait honneur à ces repos mérités, avec des vibrations qui sont plus qu'une simple expression violente : presque mélodique, très rythmé, moins sombre, "Anticult" baigne cet été poisseux de terreur, d'angoisse et d'un brin de mélodies étranges.
"Carnival Is Forever" et "Blood Mantra" ont installé la formation dans le peloton de tête, puis le groupe a subi des changements de personnel. Mais, au-delà des remaniements substantiels de structure, se fait sentir une nouvelle orientation du groupe : peut-être moins death, moins glauque et moins sombre, à la lisière d'une obédience presque mainstream, en tout cas plus groove metal.
Certes les blasts sont nombreux, les riffs épais et percutants, la voix monstrueuse et caverneuse, mais les interventions de guitare sont presque plus mélodiques... Non, ne fuyez pas tout de suite, rassurez-vous car les fondements sont là : les sonorités purulentes bien vivantes ; les passages d'anthologie multiples, fracassant les pauvres mortels qui ont tenté l'expérience sonore. Sur des accords à peine crunchy, le groupe initie cet opus, puis nous sommes rattrapés par une mélodie, comme si la formation voulait s'affranchir d'une ascendance terreuse - néanmoins 'Impulse', composition bien sombre, étale rapidement des tempi rapides.
Vient l'introduction peu commune de 'Deathvaluation', suivie par un tapis de batterie qui engendre une certaine terreur, alors que les rythmiques sont quasi-groovy (il est ainsi agréable d'entendre les fûts avec une telle clarté,
n'étant pas noyés sous une tonne de vibrations saturées). Suivent des pistes à la mise en place similaire : 'Kill The Cult' un poil revanchard, 'One Eyed Nation' presque dagobaesque, ou encore 'Anger Line' porté par une colère noire et des riffs dissonants.
Les variations arrivent en bout de course, comme si après avoir caressé les fans dans le sens du poil, la formation entamait un petit virage, introduisait des éléments différents : chant moins grunt et rythme plus lent ('Earth Star'), arpèges dépouillés en introduction de 'Never' et intervention solitaire de guitare dissonante et rapide presque slayerienne.
"Anticult" résonne comme la prolongation d'une évolution entamée avec "Carnival Bizarre" : en piochant des éléments variés, le combo élargit son spectre glauque, non pas pour éclairer, mais pour nous dérouter, insérer les éléments d'une progression lente, très calculée et contrôlée. Cet opus pourra alors faire apprécier cette musique sombre au plus grand nombre, et rien que pour cela, gageons que la rondelle deviendra culte.