Difficile de trouver line-up plus impressionnant que celui de Sons Of Apollo. Fruit de l'amitié entre Mike Portnoy et Derek Sherinian, la naissance de Sons Of Apollo a réussi à surprendre le petit monde du metal progressif avec un quintet de rêve et une signature chez le prestigieux InsideOutMusic. On ne vous fera pas l'affront de vous présenter ces cinq monstres car la curiosité est trop forte pour retarder une seconde de plus le détail du contenu de "Psychotic Symphony".
Comme on pouvait s'y attendre au vu du pedigree et des appétences des membres de Sons Of Apollo, "Psychotic Symphony" opère l'hybridation de la fine orfèvrerie harmonique du progressif et de l'efficacité mélodique digne des meilleures signatures hard-melo ('Signs Of The Time', 'Labyrinth'). Ces deux atavismes se retrouvent clairement dans l'alternance de formats longs et épiques comme 'God Of The Sun' et 'Labyrinth' et plus ramassés et directs comme 'Coming Home', 'Alive' ou 'Lost In Oblivion' dont la puissance à quelque chose d'Adrenaline Mob. Ce métissage se poursuit également au cœur des compositions et se complète par la conjugaison de sonorités vintage et modernes.
En bons fils d’Apollon, les membres du groupe œuvrent avec finesse en laissant parler leurs identités musicales personnelles telles des catalyseurs de cette réaction chimique explosive. L’alchimie surgit comme par miracle entre les cinq virtuoses qui possèdent déjà des automatismes et une complémentarité impressionnante (l'instrumentale dionysiaque 'Opus Maximus' entre virtuosité de Liquid Tension Experiment et pesanteur ésotérique de Bozzio Levin Stevens). En particulier Jeff Scott Soto, avec sa gouaille de velours et ses nuances blues-soul, en pourvoyeur d'émotion ('God Of The Sun', 'Alive'), de vitalité ('Divine Addiction') et distillant la mélodie dans des refrains entêtants, et Ron Thal, extraterrestre dans tous les modes (jazz, néoclassique, metal) et toutes les sensibilités (déjanté dans 'God Of The Sun' et délicat dans 'Signs Of The Time').
La composante progressive, on ne s’en étonnera pas, porte l’estampille de Dream Theater avec parfois la griffe de Symphony X. Aux cassures thématiques et rythmiques s’ajoutent des parties instrumentales denses et équilibrées sans être excessives. L’ouverture de l’album se fait par ce type de morceau avec un ‘God Of The Light’ impressionnant de maîtrise et d'énergie qui débute sur une tonalité orientale, un peu à la manière de ‘Home’ de Dream Theater, avant d’évoluer vers un passage médian mélancolique débouchant sur une séquence technique asphyxiante.
L’autre spécificité de la musique de Sons Of Apollo réside dans les emprunts vintage qui colorent et diversifient une recette déjà bien garnie. Notamment dans le pont entraînant de 'Coming Home' sentant bon le big rock maçonné dans les années 80 par Mr.Big ou Van Halen. Piochant dans cette même décennie, les effets sonores de l’excellent ‘Labyrinth’, qui donnent ce côté Haken dernière mouture au morceau, côtoient les orgues Hammond et les claviers néoclassiques de Sherinian pour un résultat étonnant et original. Le Hammond et les ambiances légendaires qu'il véhicule sont à l'honneur dans l'interlude 'Figaro's Whore' et le Pourpre Profond boosté aux amphétamines 'Divine Addiction'.
Si tout n'est pas parfait dans ce "Psychotic Symphony" ('Lost In Oblivion' est un cran en-dessous du reste), Sons Of Apollo réalise l'épreuve de force de concilier la modernité et la tradition dans un metal progressif technique nervuré de heavy aux grandes qualités mélodiques. Il faut se rendre à l’évidence, que l’on aime ou pas le jeu de l’Américain, il y a peu d’échec quand Portnoy décide de s’engager dans un nouveau groupe et avec Sons Of Apollo le pari est une nouvelle fois gagnant. "Psychotic Symphony" est un premier album très convaincant qui laisse augurer le meilleur si le groupe se pérennise.