Peut-on être et avoir été ? A cette question récurrente, il y a une réponse de Normand qui fera bien l'affaire dans le cadre des formations tentant de réaliser un come-back : "ça dépend !". Malheureusement, dans le cas d'Autograph, il y a de fortes chances pour que la réponse soit plus tranchée. Après avoir rencontré le succès durant la décennie bénie pour le hard mélodique des années 80, le groupe de Pasadena (Californie) avait tenté un retour au début des années 2000 ("Buzz" - 2003) sous l'impulsion de son leader, le chanteur et guitariste Steve Plunkett. Mais sans aucun membre de la formation d'origine, et en particulier sans le guitariste Steve Lynch, la bouture n'avait pas pris. Une dizaine d'années plus tard, c'est au tour du fameux Steve Lynch de tenter l'essai de la résurrection avec l'aide du bassiste Randy Rand. Epaulés par Simon Daniels au chant et à la six-cordes et par Marc Wieland à la batterie (Keni Richards étant décédé en début d'année), les deux membres de la formation historique ont déjà sorti un EP intitulé "Louder" en 2016 et ils se lancent dans l'aventure d'un nouvel opus sur le label de David Ellefson (Megadeth).
Sorti en single en 2015, 'You Are Us We Are You' avait laissé une impression plutôt positive, replongeant dans ce que le groupe proposait au cours des années 80 avec un refrain accrocheur. Il est ici rejoint par 'I Lost My Mind In America' qui reprend les mêmes ingrédients. Si on ajoute à ces deux titres un introductif éponyme efficace, au refrain catchy et doté d'un des nombreux soli de qualité que Steve Lynch dégaine tout au long de cet opus, il y a de quoi penser que le retour discographique des Californiens a tous les éléments pour être considéré comme gagnant.
Malheureusement, le reste est loin d'être à la hauteur, même si il n'y a pas lieu de tirer à boulets rouges sur des titres qui tiennent la route, en dehors de 'All I Own', ballade poussive et mièvre. Le problème, c'est qu'Autograph n'arrive pas à trouver l'équilibre entre une identité historique qui sent régulièrement le réchauffé ('Every Generation', 'All Emotions', 'Ready To Go') et quelques tentatives de sonner plus actuel. Au titre de ces essais, 'Meet Me Half Way' réussit partiellement la transformation avec son rock'n'roll bluesy et énergique. Plus heavy et métallique, 'Watch It Now' se révèle par contre plus désarçonnant, prouvant au passage que l'équilibre entre tradition et évolution est souvent délicat à trouver.
Au bout du compte, et après une version live du tube 'Turn Up The Radio' et une relecture acoustique de 'All I'm Gonna Take' qui renforcent l'image d'une formation tentant de capitaliser sur son succès passé, l'excitation des retrouvailles laisse la place à une réelle déception. Malgré ses efforts, Simon Daniels ne réussit pas à faire oublier Steve Plunkett et les compositions, à de rares exceptions, ne déclenchent pas d'intérêt particulier. "Get Off Your Ass !" se révèle finalement comme un retour manqué laissant un goût amer aux amateurs d'une formation qui aurait mieux fait de laisser l'image du succès de ses débuts plutôt que d'essayer de retrouver ce dernier aussi maladroitement.