Deuxième production de Jet Black Sea, "Absorption Lines" reprend les choses là où les avait laissées le duo Adrian Jones /Michel Simons , en gardant une optique atmosphérique et électronique, mais en les faisant légèrement évoluer. En incluant quelques musiciens du groupe d’Adrian Jones (Nine Stones Close), il introduit de timides touches vocales dans son projet.
Pour autant, la ligne directrice ne change pas, conservant le soin apporté aux choix des sonorités, qui saute aux oreilles, et la production précise mettant bien en valeur l’association de sons électroniques, particulièrement en avant sur le morceau d’entame, avec des claviers planants et une guitare qui reste le plus souvent dans un registre slide d’allure assez psychédélique, au milieu d'un ton général de l’album plutôt planant.
Reste le fond musical, et dans ce domaine de sévères restrictions viendront ternir la première impression soignée que laissent les ambiances de Jet Black Sea. Comme toute musique atmosphérique, le deal est de faire lentement évoluer des ambiances à partir d’une proposition initiale simple ; encore faut-il que cette évolution fasse preuve d’une certaine dose d’imagination qui semble ici faire cruellement défaut. La plupart des morceaux sont très répétitifs, témoins le morceau éponyme et ses dix minutes sans aucune envolée, ou le terminal '133 Hours', prototype du morceau atmosphérique creux. Pour faire plus cinématographique (le terme et le genre sont à la mode), le duo parsème ses compos de dialogues radio entre Houston et Apollo, un procédé usé jusqu’à la corde qui n’ajoute strictement rien à l’intérêt que l’on pourrait porter à l’écoute (et puis franchement, 3 minutes 40 en entrée sur 'Absorption Lines', 2 minutes sur '133 Hours', ça va, on a compris…).
C’est encore dans les rares parties les plus dynamiques que le groupe s’en sort le moins mal : 'Wrong Turn' et son ton franchement électro ou 'The Sixth Wheel' et ses ambiances para-orientales montrent un savoir-faire certain dans la mise en place des sons. Par contre les vocaux ('Hours Slip Into Days' et surtout 'Cathedral') sont à la peine : les lignes vocales sont trop indigentes et suffisamment imprécises pour s’y attarder.
Imaginer ce type de musique en concert est un exercice vertigineux : avec leurs parties inutiles (deux minutes de fade-in en entame de 'The Sixth Wheel', les dialogues radio précités) et un contenu musical/harmonique plutôt minimal, les morceaux auront bien du mal à fixer l’attention du spectateur. Et même chez soi, l’intérêt de passer les morceaux en boucle pour en débusquer les richesses sera rapidement épuisé. Jet Black Sea montre clairement les limites du style atmosphérique avec cet album décevant.