L´Anima (l´âme en italien) est né de la rencontre de deux musiciens d´horizons distincts qui se sont très rapidement entendus pour travailler ensemble. Mon premier est le guitariste Pedro Capparros Lopez (du groupe originaire de Gibraltar Breed 77) et mon second l´ex-chanteur des Yardbirds Andy Mitchell (et aussi Rehab Refugees, 9 Volts). Alors que le projet devait se résumer à un duo, les deux compères recrutent un autre guitariste, Mauro Paderni (aperçu sur la compilation "Sturm Und Drang Act I") et deux jeunes musiciens Iban Sanz (batterie) et Luca Forlani (basse).
Le titre de l´album est en relation étroite avec le voyage, et les univers de nos deux protagonistes vont fusionner à merveille. Pedro Capparos Lopez se distingue dans une formation axée metal par son jeu de guitariste de flamenco qui apporte une touche délicate et sensible au genre. Andy Mitchell, qui vient du rock alternatif voire du hard rock, n´est pas en reste et son chant s´exprime par de fabuleux contrastes. Les autres musiciens, dépourvus d´expérience, haussent leur niveau de jeu afin de faire égal avec leurs pairs, chacun semblant se faire des passes les yeux fermés.
Le secret de L’Anima ? Etre toujours là où ne les attend pas, ce qui se traduit musicalement par un metal progressif spécialisé dans l’ouverture de tiroirs. Sur le titre éponyme, les caresses harmoniques d´une guitare acoustique fonctionnent en osmose avec le chant heurté et explosif à la façon d´un Omar Rodriguez-Lopez et lorsque la cinquième vitesse est enclenchée, le groupe à l´unisson poursuit sur un rythme d´Airbus avec un solo de guitare hendrixien de derrière les fagots. A l´inverse, comme sur ´Paith To Sirius´ ou ´Gema´, le carnage laisse place à la quiétude en un accord.
Le groupe s´avère capable de ne pas tout miser sur la brutalité et de livrer une copie assez émouvante comme ´The Elephant Cemetery` ou ´My Dying Cell´ qui nagent en eaux calmes, gorgés par la guitare acoustique et la voix claire, avant de finir sur des chapeaux de roue. ´My Bloody Valentine´ tente un coup de poker sonore avec une introduction inquiétante et expérimentale qui ferait douter de l'équilibre mental des musiciens puis retrouve un peu de quiétude avant de s´aventurer dans une discothèque macabre.
Malheureusement L´Anima a les défauts de ses qualités. Son laboratoire sonore n´en est encore qu´à un état expérimental, on aurait aimé que l´audace et les caresses acoustiques ne soient pas systématiquement gâchées par le manque de subtilité : le groupe a choisi le metal mais il aurait été plus intéressant de l´entendre jouer des ballades qui n´explosent pas à tout bout de champ. Ainsi 'The Sound Of Waves' pourrait être décrit avec exactitude par un auditeur... qui ne l´aurait pourtant jamais entendu et 'Hold Out' brandit d´entrée de jeu la carte de l´agressivité. Disons-le : l´album malgré ses qualités susdites applique des recettes sonores qui tendent à donner à la musique un caractère évident et donc perd en inattendu. De nombreux extraits vocaux viennent parsemer le voyage sans rien révéler de neuf et s´avèrent finalement anecdotiques.
"Departures", projet d´une hydre à deux têtes, est au choix un album d´une douceur volcanique ou un album au magma de velours. Malgré les caresses de la guitare acoustique et la voix claire de son chanteur, on regrettera toutefois que le groupe joue un peu trop les yeux fermés face au danger. Si vous aimez The Mars Volta, et vous avez forcément du goût, précipitez-vous sur cet album mais attention à ne pas dépasser les doses homéopathiques !