Groupe nous venant des Pays-Bas, PBII semble s’être fait une spécialité des opéras rock. Après "Plastic Soup" et la pollution des océans (2010), puis "1000 Wishes" et les enfants atteints du cancer (2013), voilà "Rocket ! The Dreams of Wubble Ockels" sur l’urgence à "sauver la Terre" selon le vœu exprimé dans son dernier souffle par celui qui fut le premier astronaute hollandais.
Pour ce nouveau concept, PBII reprend majoritairement les éléments qui avaient contribué au succès de "1000 Wishes" : des mélodies généralement accrocheuses, ni trop simples, ni trop compliquées, les titres se déclinant sous forme de chansons fredonnables agrémentées de digressions instrumentales pour le côté progressif, un fort caractère orchestral renforcé notamment par la présence d’un quatuor à cordes et de nombreuses interventions solos.
Les influences seventies notées dans les chroniques des deux albums précédents sont toujours présentes et l’on assiste parfois à un croisement entre Genesis (les trois déclinaisons de ‘Rocket’, l’introduction de ‘Nothing Is Real’) et Yes, la ressemblance avec ce dernier étant renforcée par le timbre de Ruud Slakhorst très proche de celui de Jon Anderson. A ce titre, ‘Mother’ renvoie l’auditeur aux tout premiers albums de Yes, excellente madeleine de Proust pour les nostalgiques d’une époque révolue, alors que l’introduction chantée de ‘Rocket (Pt. 3)’ évoque irrésistiblement ‘Owner of A Lonely Heart’.
Si cette filiation peut en gêner certains, elle est néanmoins suffisamment bien digérée pour qu’il s’agisse plus d’effluves nostalgiques que d’une quelconque copie de bas niveau, PBII possédant sa propre personnalité, et ne constitue en rien un défaut. Si faiblesses il faut chercher, celles-ci se trouvent plus dans des orchestrations légèrement trop sirupeuses (‘On My Own Again’, ‘Nothing is Real’), des mouvements un poil trop grandiloquents (le final de ‘Rocket (Pt. 3)’), des sonorités de claviers un peu kitsch (‘Life in the Cloud’, ‘Blue Marble’).
Des reproches mineurs largement compensés par un songwriting de bon niveau, la majeure partie des titres procurant un plaisir d’écoute fort agréable, et quelques idées originales qui viennent relancer l’intérêt de l’auditeur, comme celle d’avoir invité Nad Sylvan à chanter sur ‘Trapped’, un titre délicat et féerique très rétro-progressif nous ramenant aux débuts de l’archange Gabriel, ou de mélanger chant hippie et musique psychédélique avec des percussions hawaïennes et un violon tzigane sur ‘Happy Energy’. Mais la meilleure idée est d’avoir intégré dans le groupe Nathalie Mees (faisant de courtes apparitions sur "1000 Wishes") dont la voix de soprano enchante l’album de ses superbes vocalises.
Si "1000 Wishes" était déjà un bon disque, "Rocket ! The Dreams of Wubble Ockels" lui est supérieur, gommant ce qu’il y avait d’un peu pompeux sur l’album précédent et y gagnant en dynamisme. Sans inventer rien de bien neuf, PBII nous régale ainsi de mélodies très agréables.