Si beaucoup l'ont découvert grâce aux projecteurs que le recrutement de son bassiste Roger Nilsson au sein d'un Spiritual Beggars au line-up alors renouvelé n'a pas manqué de braquer sur lui en 2002, The Quill avait déjà été remarqué en signant trois albums dont le dernier d'entre eux, "Voodoo Caravan", sorti cette année-là, est considéré, à juste titre, comme un incontournable du stoner.
Depuis, les Suédois poursuivent une trajectoire (trop) discrète et morcelée, laissant même filer cinq années entre "In Triumph" et "Full Circle", comme s'ils ne s'étaient jamais vraiment remis des départs successifs du quatre-cordiste, survenu en 2005, et surtout de leur chanteur historique, Magnus Ekwall, même s'ils ont assuré en 2011 la plus longue tournée de leur carrière. Si le retour de Nilsson à l'occasion de "Tiger Blood" a été salué, celui du vocaliste devrait permettre au groupe de freiner définitivement l'érosion de sa popularité, come-back que scelle ce "Born From Fire" quasi résurrectionnel.
Tous ceux qui ont vécu l'explosion commerciale de la scène stoner à l'aube des années 2000 retrouveront dans cette rondelle tout ce qui faisait alors le sel de ce mouvement : la sueur énergique, le feeling incandescent, le groove velu et l'allégeance au Sabbat Noir à travers des riffs coulés dans le plomb et une voix de canard enroué à la Ozzy. Old school mais recouvert d'un fuselage robuste, ce huitième album rassemble douze brûlots que propulse l'organe de feu du revenant, habile mélange entre le timbre enfumé de Osbourne ('Keep It Toghether') et celui, plus puissant encore, du regretté Chris Cornell.
Si elle ne manque jamais de clouer au sol ces compos aussi efficaces que pesantes, témoin le très sabbathien 'Ghosthorse', la guitare du sous-estimé Christian Carlsson multiplie les attaques nerveuses dignes du taciturne Blackmore. Le Pourpre Profond époque Mark III recouvre d'ailleurs de son ombre les titres les plus groovy ('Snake Charmer') cependant que la rythmique abattue par la paire Nilsson / Atlagic réveille les souvenirs du Led Zeppelin le plus massif ('Stone Believer').
Associant à des pépites bien grasses ('The Spirit And The Spark', 'Unchain Yourself', 'Revelation') d'autres plus remuantes ('Skull & Bones', 'Electrical Sons'), "Born From Fire" ne débande jamais, même quand il baguenaude aux confins d'un rock psyché duveteux quoique toujours couillu, à l'image de la puissante élévation 'Set Free Black Crow' qui étire sur plus de huit minutes orgiaques un relief vallonné. 'Hollow Of Your Hand' et 'Metamorphosis' illustrent à leur tour cette facette atmosphérique qui sied tout autant aux Suédois, artisans d'un stoner dont le caractère traditionnel ne siphonne en rien sa sève heavy.
Fort de cet album irréprochable qui renoue avec la réussite de "Voodoo Caravan", The Quill vient se rappeler à notre bon souvenir. Il n'y a pas de raison pour qu'il ne profite pas du revival seventies auquel il a contribué à ses débuts.