Samurai Of Prog fait partie de ces groupes qui s'évertuent à rendre hommage au rock progressif dit à "l'ancienne" avec les moyens de son époque. Le combo à l'ossature solide, composée du trio Marco Bernard (Colossus), Kimmo Pörsti (Paidarion...) et Steve Unruh (Resistor) sur laquelle se greffent de nombreux invités prestigieux, a produit une flopée d'albums de reprises ainsi qu'une première tentative de titres personnels ("The Imperial Hotel" 2014) quelque peu déséquilibrée. L'avant-dernier né, mêlant reprises et compositions originales ("Lost And Found" 2016), manquait cruellement d'homogénéité et de limpidité.
Tout dans le groupe transpire le rock progressif d'antan y compris l'artwork extrêmement travaillé représentant logiquement, comme le nom de l'album le présume, un bateau pris dans la tempête. Vers quelles mers inconnues "On We Sail" mènera l'auditeur ? Ce nouvel album est cette fois du 100% Samurai Of Prog. Il regroupe tout ce que l'amateur de prog peut attendre notamment la transmission d'émotions liée aux histoires mises en musique que les guerriers japonais du prog proposent.
Dans un passé pas si lointain, il leur a été souvent reproché de ne pas assez construire leurs compositions. Avec ce nouvel album, le groupe fait voler en éclats ce constat. Les titres sont assez longs, pour la plupart dépassant les neufs minutes, et pourtant d'une belle cohérence ('Ghost Written' et 'Perfect Black'), auxquels s'opposent des morceaux de cinq minutes dont deux "courts" instrumentaux non dénués d'intérêt ('Ascension' et le calme 'Over Again'). Le lien avec les années 70 est bien entendu très fort, particulièrement dans l'architecture alambiquée des titres et l'utilisation de longues nappes de claviers, de flûte volubile rappelant le Camel période "Snow Goose", de violon accentuant le concept marin. Le chant aigu et habité des différents protagonistes participe à cette valorisation d'un style qui a encore de beaux jours devant lui. Tout cela se concrétise dans le long conclusif et superbe 'Tigers' qui reprend l'intégralité de ces particularités sans ajouter inutilement et stérilement à la composition comme c'est trop souvent le cas.
L'interprétation est digne des compositions mieux construites. Les sons utilisés par les nombreux invités aux claviers sont bien pensés, alternant de longues plages lentes qui prennent le temps d'installer l'ambiance et des notes de piano rapides la dynamisant. La guitare, bien que discrète, se taille parfois la part du lion dans des solos laissant le feeling et la sensibilité dépasser le côté technique de l'instrument (notamment la superbe intervention à la fin de 'Ghost Written'). La production quant à elle trouve son ancrage dans un mixage très seventies comme si l'album avait été enregistré en live (un peu comme l'album de The Flower Kings 'Desolation Rose').
Les écoutes frustrantes des précédents albums laissaient pressentir un grand potentiel chez les Samurai Of Prog. Les espoirs ainsi fondés trouvent dans ce nouvel album leurs concrétisations grâce à des compositions savoureuses et une interprétation au diapason.