"Hands Of Fate" est le quatrième album des Anglais de Savage Messiah, groupe de heavy-thrash aux dents longues dont le dernier skeud "The Fateful Dark" laissait entrevoir un certain potentiel, voire un potentiel certain. Entre temps, Savage Messiah est passé d'Earache à Century Media, ce qui devrait logiquement permettre aux Londoniens de poursuivre leur progression naturelle ou leur ascension triomphante (rayez la mention inutile). Le groupe a subi surtout dans l'intervalle une importante refonte de son line-up puisque la moitié de l'effectif a été remplacée.
D'un point de vue instrumental, le résultat est tout à fait convaincant et les nouveaux musiciens (Sam S.Junior à la guitare et Mira Slama à la basse) se sont bien intégrés à l'ensemble. Leur apport ne devrait pas réellement surprendre les aficionados qui auront plus que leur dose réglementaire de solos.
Par contre, au niveau des compos, il y a une vraie évolution vers une musique plus heavy et plus mélodique, ce qui risque un peu de coincer aux entournures. Les influences thrash sont désormais disséminées avec parcimonie et les refrains ont parfois tendance à prendre le dessus sur tout le reste. Non pas qu'ils soient mauvais per se mais certains d'entre eux répétés ad nauseam ('Solar Corona', 'Eat Your Heart Out') risquent de ne pas faire l'unanimité. Il paraît que la répétition est mère du savoir mais elle peut aussi être source d'écœurement si le charme n'opère pas.
Malgré tout, ce sont bien les passages les plus mélodiques qui retiendront majoritairement l’attention (l'enchaînement du très radio friendly 'Eat Your Heart Out' et du non moins catchy 'Fearless'). Le power-thrash à la Iced Earth d'un titre comme 'Last Confession' est en revanche beaucoup trop conventionnel et balisé pour susciter autre chose qu'un vieux haussement de sourcil. Il en va de même pour le title-track, choisi pour le clip, qui est quelque part représentatif de ce qui peut chagriner sur cet album. Le cahier des charges est bien respecté mais il manque un petit grain de folie ou de fantaisie pour que ce "Hands Of Fate" puisse espérer rester durablement dans le crâne du metalhead moyen, qui ne va pas forcément passer une semaine à l'écouter en heavy rotation.
Dans un style similaire, un groupe comme Mystic Prophecy a déjà sorti une pelletée de bons albums sans jamais réellement arriver à percer. Il serait assez étonnant que Savage Messiah y parvienne soudainement, d'autant plus que nos amis anglais donnent ici un peu l'impression d'avoir le cul entre deux chaises, et même entre quatre, ce qui commence à devenir périlleux. Partagé entre tradition et modernité, entre rester true ou devenir mainstream, cet exercice d'équilibriste n'est pas sans danger et il faudra peut-être à un moment songer à trancher.
In fine, Savage Messiah est au heavy-thrash ce qu'Arch Enemy (qui, lui, a clairement tranché depuis belle lurette) est au death, c'est-à-dire pas foncièrement mauvais mais un peu trop propre et inoffensif pour intéresser les metalleux old school pour qui, de toute manière, c'était forcément mieux avant.