En deux albums, Molly Hatchet a réussi à imposer un nouveau vocaliste (Phil McCormack), un line-up sans aucun membre d’origine, et une nouvelle identité musicale qu’il est désormais possible de nommer hard rock sudiste. Pas mal, d’autant que "Silent Reign Of Heroes" (1998), dernier méfait studio en date, s’est révélé comme une des meilleures livraisons discographiques de la légende floridienne, toutes époques confondues. Le line-up est cette fois modifié, mais très légèrement, par le remplacement de Mac Crawford par Sean Shannon à la batterie. A noter cependant que le groupe avait retrouvé une formation avec trois guitaristes avec le recrutement de Mike Owings en juin 1999, mais que l’expérience a vite tourné court avec le départ de ce dernier dès mars 2000 pour des raisons de santé. Autre point non négligeable à signaler : Bobby Ingram est désormais le seul propriétaire de la marque Molly Hatchet après avoir acquis les derniers droits détenus Pat Armstrong, manager original du groupe.
Une fois ces détails portés à votre connaissance, il est désormais grand temps de nous pencher sur le contenu de cette galette à la pochette toujours aussi typique. Et en matière de typique, ce "Kingdom Of XII" se pose là en reprenant tous les ingrédients qui permettent de faire un bon album du sextet de Jacksonville. Lancé par quelques bruitages bien sudistes, ‘Heart Of The U.S.A.’ balance son gros riff hard-rock qui écrase tout sur son passage, renforcé par un bon refrain catchy. ‘Cornbreed Mafia’ porte fièrement l’étendard de la face boogie du groupe avec la traditionnelle slide. Quant à ‘One Last Ride’, il mérite sa place aux côtés des meilleurs titres épiques dont Molly Hatchet nous gâte régulièrement. Majestueux et mélancolique et doté d’une nouvelle cavalcade guitaristique dont la formation sudiste a le secret, ce titre représente sans aucune contestation le sommet de cet opus.
Renforcé par un nouveau boogie endiablé avec piano bastringue (‘Why Won’t You Take Me Home’), une belle ballade envoûtante (‘Turn My Back To Yesterday’), et un rock-folk nerveux enrichi d’un violon tournoyant (‘Gypsy Trail’), la première partie de ce "Kingdom Of XII" confirme le haut niveau de son prédécesseur, même s’il ne prend aucun risque. Malheureusement, la suite peine à maintenir cette intensité, handicapée par la reprise lourdingue du ‘Tumbling Dice’ des Rolling Stones, ou par la relecture acoustique sans intérêt de ‘Edge Of Sundown’. Seule l’énergie et l’harmonica de ‘White Lightning’ ou le rouleau compresseur de ‘Kickstart To Freedom’ réussissent à s’extraire d’un ensemble se cantonnant trop dans les poncifs des différentes facettes du groupe.
Il n’en reste pas moins que Molly Hatchet réussit à maintenir un excellent degré d’exigence, même s’il donne parfois l’impression de ronronner en réutilisant une méthode qui a fait ses preuves sans prendre le moindre risque. "Kingdom Of XII" possède cependant suffisamment de bons titres pour mériter que les amateurs s’y intéressent et y trouvent leur lot de satisfactions. Reste désormais à la formation menée par Bobby Ingram à trouver les ingrédients nécessaires pour se renouveler un minimum.