On ne présente plus Trivium, acteur majeur de la scène thrash/metalcore mélodique depuis près de 20 ans, qui sort ce mois-ci son huitième album, ‘The Sin And The Sentence’. En parlant de sentence, quelle sera celle rendue par les fans, habitués de longue date à une certaine recette et à un style bien définis ?
Pour continuer de plaire à son public, Trivium déroule son savoir-faire et ses ingrédients habituels : un son parfaitement calibré et incisif, des refrains à plusieurs voix particulièrement accrocheurs (comme ceux de ‘Beyond Oblivion’ ou de ‘The Revanchist’, véritables temps forts du CD), une alternance de riffs rapides et destructeurs et une batterie déchaînée, garantissant un résultat toujours aussi efficace.
Pour un groupe de metalcore somme toute assez mainstream, reconnaissons-le, l’album, bien que relativement accessible, reste assez recherché musicalement. Le dosage chant clair/chant guttural est optimal et les guitares passent aisément d’un registre heavy à un style plus mélodique en un clin d’œil et sans le moindre accroc qui rappelleront notamment Avenged Sevenfold (sur le refrain de ’Other Worlds’ notamment et l’intro de ‘The Heart From Your Hate’ fidèle à celle de ‘Hail To The King’). La technicité des musiciens, à la fois évidente et impressionnante, n’est quant à elle pas en reste. Saluons notamment le gros travail d’Axel Bent, tout nouveau derrière les fûts, pour sa précision, sa dextérité et sa justesse dans l’interprétation des morceaux.
Malgré ces aspects intéressants, le côté radio-friendly s’avère parfois quelque peu dérangeant lorsque les mélodies (du chant notamment) prennent un côté mielleux. Les paroles tantôt poussives n’arrangent pas vraiment le tableau avec quelques lourdeurs trop entendues, à l’image des passages "You can’t help me, because you don’t understand me" sur le titre éponyme, et "Maybe you were right, maybe I was wrong" sur ‘The Heart From Your Hate’, donnant un arrière-goût un peu mièvre.
Il faudra attendre le cœur du disque où l’ambiance se raffermit un peu plus sur les titres ‘Betrayer’, ‘Sever The Hand’, et surtout ‘The Wretchedness Inside’, et où le scream prend plus de place qu’à l’accoutumée au détriment du chant clair, pour surfer sur des sonorités metalcore plus crues qui raviront les fans de la première heure.
Roadrunner Records ne s’était donc pas trompé en faisant signer Trivium qui propose à nouveau une valeur sûre avec ce dernier opus bien ficelé et finement équilibré, idéal pour faire découvrir le metalcore mélodique aux non-initiés de par sa facilité d’accès. Un avantage qui pourrait également être un inconvénient : l’album ne nécessitant que peu d’écoutes pour être apprivoisé et apprécié dans sa globalité, il pourrait être assez rapidement oublié. Il n'en reste pas moins diaboliquement efficace et son exécution s'avère parfaite malgré la haute technicité de la musique.