Strangeways n'a rien sorti depuis 2011. Idem pour Giant depuis 2010. Du coup, Terry Brock s'ennuie ferme et, sans qu'il soit possible de savoir si il s'agit d'humanisme ou d'intérêt commercial (quoique...), Serafino Perugino fait tout ce qu'il peut pour occuper le vocaliste américain en multipliant les projets. C'est ainsi qu'après le Roth Brock Project (2016), le patron de Frontiers a eu l'idée de lui adjoindre Gary Pihl (guitariste de Boston, Sammy Hagar et Alliance), Robert Berry (bassiste-chanteur de Three, Alliance et en solo), et Matt Starr (batteur d'Ace Frehley et Mr. Big) au sein d'un nouveau super-groupe intitulé All 41.
De nombreuses expériences l'ont déjà prouvé : il ne suffit pas d'associer des grands noms pour réussir un grand projet. Produit par Alessandro Del Vecchio, "The World's Best Hope" va malheureusement venir confirmer cette constatation. Pourtant, tout semblait bien démarrer avec un premier tiers d'album plus que convaincant. Très ancré dans l'AOR des années 80 et digne de productions de Survivor ou de Jimi Jamison en solo, 'After The Rain' fait preuve de fraîcheur et bénéficie d'un refrain hyper accrocheur. Plus catchy, dans une veine à la Foreigner, 'Cyanide' maintient le niveau de qualité de son prédécesseur. Viennent ensuite l'envoûtant 'Down Life's Pages' alliant une mélancolie à la Bruce Springsteen avec une mélodie dynamique dans le ton du premier titre, et la magnifique power-ballade 'Mother Don't Cry' à l'émotion à fleur de peau.
Quelle tristesse de voir la suite retomber comme un soufflet raté. Pour être objectif, il est bon de signaler qu'il n'y a ici aucun titre réellement mauvais. Par contre, tout devient prévisible et hyper calibré, manquant clairement d'un réel investissement de la part des interprètes. Au contraire, Terry Brock et Robert Berry semblent se tirer la bourre en multipliant les oh yeah, all right et autres yeah yeah. A ce jeu, le bassiste-chanteur montre quelques limites et n'arrive pas toujours à suivre son compère, mais le résultat n'est finalement bon pour aucun des deux vocalistes tant l'exercice se révèle agaçant pour l'auditeur. De son côté, Gary Pihl n'offre que peu de soli indispensables. Seul 'Who Knows' relance un intérêt pour les interventions du six-cordiste, avant que le titre éponyme offre une intervention à côté de la plaque.
Malgré un début enthousiasmant, ce nouveau projet se révèle finalement être une déception de plus dans le cadre d'association de pointures de l'AOR. Il y avait pourtant de quoi réussir un album qui dépasse le stade du simplement intéressant, mais les personnalités réunies ne semblent pas trouver une place à la hauteur de leur talent, ni de leur ego. Il est grand temps que Frontiers privilégie la qualité à la quantité en matière de super-groupes, au risque de finir par totalement décrédibiliser l'exercice.