Pink
Cream 69 a trente ans, qu'on se le dise. Sonnez hautbois, résonnez
musettes ! Et pour fêter ça, voici venir le douzième album de
ces persévérants Allemands, un "Headstrong" bien nommé. L'opus, pour
marquer le coup, est accompagné d'une seconde galette live, témoin
d'une prestation en Bavière datant de 2013.
Voilà
trois ans que la bande à David Readman, talentueux vocaliste, et à
Dennis Ward, non moins talentueux bassiste fort occupé par ses
activités de producteur, n'avait plus mis le couvert. Depuis un "Ceremonial" fort décevant en fait. C'est donc en croisant les doigts
que les aficionados du combo vont offrir à leurs tympans malmenés
une écoute circonspecte du produit proposé.
Pink
Cream 69 a régulièrement causé chez les esthètes de la classification
par genres quelques dissensions. En effet, pour certains les Bataves
naviguent sur les eaux du hard rock mélodique, pour d'autres ils
évoluent dans la sphère du metal mélodique. Force est de
constater que d'un album à l'autre, voire d'un titre à l'autre sur
un même opus, les sons varient, brouillant l'analyse.
A
l'écoute de l'entrée en matière de "Headstrong", nous pouvons pencher
vers la seconde option. 'We Bone To None' - on pense parfois à Dio -
bouscule effectivement avec énergie les neurones, guidé qu'il est
par le mur de sons imposé par les duettistes à la six-cordes et la
voix hargneuse de Readman. 'Walls Come Down' n'a rien à lui envier, le
style est clairement allemand, mélopée scandée et batterie
matraquante sont au programme. Les mélodies ne font pas grimper au rideau, mais l'énergie est communicative.
Avec 'Unite And Divide', changement de programme, les Allemands nous la font
plutôt heavy et retrouvent par la même occasion leurs qualités
mélodiques qui plaisent aux amateurs de hard easy listening. Et dans
ce domaine le clou est sévèrement enfoncé avec le gouleyant 'No
More Fear' qui risque fort de vous tenter pour un karaoké... jusqu'à ce
qu'il soit déboulonné de son piédestal par la somptueuse ballade
métallique 'Man Of Sorrow'.
Mais
c'était trop beau pour durer dirait l'adepte des sons radio friendly
- décidément les Allemands tiennent difficilement en place - car 'Path Of Destiny' déboule en remettant le turbo, sans toutefois
oublier de soigner sa mélodie. On est presque ici en terrain power
metal tout comme avec la ballade qui suit, la magnifique 'Vagrant Of
The Night' qui démarre en version acoustique avant de partir en
vrille électrique. Puis 'Bloodsucker' et 'Whistleblower' reviennent aux
sources initiales de l'opus, soit un tempo classique d'outre-Rhin,
mais ici méritant quelques vocalises sous la douche. Et puis,
pirouette finale, l'album s'achève plutôt tranquillement sur 'The Other Man', un
mid-tempo teinté blues.
Pink
Cream 69 n'a donc pas fini d'alimenter les débats sur le style
musical qu'il développe tant ce "Headstrong" est disparate. Néanmoins,
curieusement, au bout de son écoute, c'est bien une impression de
bloc qu'il laisse. Comme si tous ces titres variés formaient un
tout musicalement logique. Ce douzième album du combo, grâce à sa
diversité réfléchie, risque donc finalement de ne pas plaire à
peu de monde.