Vous l'aimez comment votre stoner ? Aux forts relents de beuh ou au contraire bien burné et sentant sous les bras ? Si c'est la seconde option qui colle à votre définition du genre, alors nous ne saurions trop vous conseiller d'aller frapper à la porte d'Hypnotic Drive, jeune pousse française qui abrite dans son garage une mécanique furieuse taillée pour avaler les kilomètres.
Sous son capot, des riffs épais la propulsent à travers des étendues arides, plus caillouteuses que désertiques. L'organe de grizzli en rut de Jay ajoute encore au caractère testiculeux de ce rock massif trempé dans l'huile de vidange. De fait, parler ici de stoner paraît presque réducteur, à moins que l'on considère par exemple l'incarnation originelle d'Allhelluja, l'ancien port d'attache du hurleur patibulaire Jacob Bredahl, comme le rejeton d'un style d'ordinaire moins énervé. Les racines presque thrash qui affleurent à la surface participent de cet ancrage dans un sol agressif.
"Full Throttle" est un peu à l'image de la bagnole qui orne sa pochette, engin puissant qui fonce pied au plancher en traçant dans le bitume brûlant de pesants sillons. Trapu, l'album se veut direct, allant à l'essentiel sans prendre de détours, ce qui fait sa force mais aussi son principal défaut. Après s'être rodés avec "The Ride", EP qui leur a permis de se faire remarquer chez les amateurs de bûches, les frenchies y confirment certes un évident potentiel malheureusement quelque peu encombré par une écriture dont le moteur ne fait pas toujours les étincelles espérées, à laquelle se conjugue un chant en anglais à la prononciation parfois hésitante.
Mais une envie d'en découdre, une énergie de dynamo vivante et une vraie conviction chez ces solides gaillards balaient tel un fétu de paille ces réserves cependant que la rugosité des cartouches qui le composent confère à ce premier album longue durée l'épaisseur du cuir vieilli. On prend ce "Full Throttle" dans la gueule, rondelle velue à téter comme une bonne binouze. Cisaillées de griffures guitaristiques ('Five Regrets'), ces compos arrachent tout sur leur passage, oubliant parfois de serrer le frein à main ('Crossroads') mais le plus souvent ultra heavy ('Voodoo Witch', Subway Preacher'), saillies toutefois davantage taillées pour la scène que pour une galette où elles semblent à l'étroit.
Sans être un indispensable, "Full Throttle" est une robuste tranche de stoner gonflée d'une sève hargneuse.