Mais à quoi tourne Jim Peterik ? La question mérite d'être posée tant le bonhomme enchaîne les projets comme des perles. Après un album avec Marc Sherer en 2015 (Scherer / Peterik "Risk Everything") et un nouveau Pride Of Lions en début d'année ("Fearless" - 2017), voici l'ancien leader de Survivor aux manettes d'un autre projet. Les vocaux y sont (encore) assurés par Marc Sherer, mais plus surprenant, c'est Jennifer Batten qui donne la réplique au vocaliste avec sa guitare. Malgré une carrière solo qui a marqué les esprits, ainsi que des prestations légendaires aux côtés de Jeff Beck et de Michael Jackson, la guitar-hero s'était faite relativement discrète récemment. Il est donc étonnant de la voir surgir au sein d'un projet AOR/hard mélodique qui ne correspond pas à ses habitudes.
Composé de 8 titres ressortis des malles de Jim Peterik et de trois nouvelles compositions écrites avec les deux têtes de gondole du projet, il n'est pas étonnant de retrouver sur ce disque la patte du membre fondateur de Survivor. L'ombre du légendaire combo de Chicago est d'ailleurs prégnante sur un 'What Do You Really Think' qui aurait pu être interprété par Jimi Jamison ou par Dave Bickler. Avec 'Rough Diamond', 'Space And Time' ou 'Tender Fire', c'est à Pride Of Lions que l'on pense, la proximité des voix de Marc Sherer et de Toby Hitchcock n'arrangeant rien à l'affaire. Quant à 'The Sound Of Your Voice', originalement destiné à 38. Special, il vient renforcer la liste des titres à déconseiller à tous ceux qui sont allergiques à la signature de Jim Peterik ou bien qui ne lui ont pas pardonné son refus de se joindre à la reformation de Survivor au début des années 2000. Pour les autres, la science des mélodies énergiques et des refrains hyper accrocheurs ('Dreaming With My Eyes Wide Open') fera son imparable office.
Pourtant, il serait dommage de résumer l'analyse de cet album au travail du sieur Peterik car il y a ici de quoi aérer ce qui aurait pu être un carcan artistique à l'identité compositrice étouffante. En premier lieu, il y a bien évidemment la présence lumineuse de Jennifer Batten qui multiplie les soli véloces et flamboyants. Chaque titre se retrouve lacéré par les interventions de la six-cordiste en pleine forme et qui joue ici sans pression, se considérant plus comme une intervenante. N'allez cependant pas croire que la guitariste à la chevelure défiant les lois de la pesanteur n'est pas investie pour autant. Le titre éponyme, pour lequel elle a participé à l'écriture, en est la meilleure preuve avec son introduction monstrueuse et son riff cinglant alliant mélodie et puissance. Plus classique, la ballade AOR/Westcoast 'Cuts Deep' bénéficie elle aussi d'une belle introduction à la fois véloce et aérienne. Quant à la ballade mid-tempo 'The Harder I Try', elle surprend avec l'intervention du saxophone envoûtant de Mindi Abair pour un résultat qui n'est pas sans rappeler Foreigner.
Sans révolutionner le genre, "Battle Zone" n'en représente pas moins un exemplaire rutilant de ce qui peut se faire de mieux en la matière. Marqué par l'identité de son principal compositeur, cet album bénéficie cependant de l'immense talent de ses interprètes et de la touche d'originalité apportée par les interventions lumineuses et flamboyantes d'une Jennifer Batten qui se faisait trop rare et qu'il est surprenant de retrouver dans un tel projet. Un bien bel objet à conseiller à tous les amateurs d'une musique mélodique qui n'hésite pas à faire preuve d'énergie.