Vendu comme le nouvel album des Américains, le premier depuis 2011, son titre ainsi que le survol rapide de son contenu tuent rapidement l'espoir d'avoir enfin des pistes inédites à se mettre entre les cages à miel. En lieu et place du successeur attendu de "Evanescence", le groupe se fend en réalité d'une simple relecture électro et / ou symphonique d'hymnes piochés dans son répertoire. Quelle originalité ! Après six ans de diète, cette démarche laisse un goût de trop peu dans la bouche.
Si Amy Lee et sa bande ont toutefois pris soin de glisser au sein d'un menu généreux deux nouvelles compositions (nous y reviendrons), "Synthesis" se veut donc en définitive ni plus ni moins qu'un best of déguisé dont la caution orchestrale est censée l'enrichir d'une valeur ajoutée supplémentaire. Une fois énoncée cette réserve, reconnaissons que le plaisir de réécouter ces compositions demeure intact, témoignant en cela que le combo de l'Arkansas mérite mieux que l'image peu flatteuse véhiculée par ses détracteurs qui se bornent à ne voir en lui qu'un groupe surfait (autrefois) à la mode pour ados ricains, machine à fric sans âme ni talent.
"Fallen" et surtout "The Open Door" restent de grands disques auxquels cette relecture rend hommage. Sans sortir métamorphosés ni même transcendés par ce travail de réarrangement, force est d'admettre que les 'Bring Me To Life', 'My Immortal', 'Lacrymosa' ou 'Lithium' ont encore gagné en ampleur et se parent d'une emphase quasi cinématique.
Etonnamment, cet essai fait la part belle au mal-aimé disque éponyme dont on (re)découvre pas moins de cinq extraits, qui sont d'ailleurs ceux pour lesquels ce saupoudrage de cordes et de touches synthétiques se révèle le plus probant. Pétri par de sombres arrangements, 'Never Go Back' prend une toute autre dimension, s'imposant même comme un des joyaux de cet ensemble, tandis que 'End Of Dream' vibre d'un pouls hypnotique grâce à ses ajouts électro. Si le choix des titres retenus peut décevoir, un certain nombre de tubes étant restés sur le carreau alors qu'ils auraient tout autant mérité de bénéficier de cette mue symphonique, la noirceur qui les cimente tous emporte "Synthesis" dans une marée de désespoir.
Chargés d'annoncer le futur quatrième album, les deux (véritables) nouveaux morceaux aiguisent notre appétit en renouant avec le meilleur du groupe. Introduit par quelques notes de piano, 'Hi-Lo' est un écrin émotionnel pour la voix expressive de la maîtresse de cérémonie, que viennent souligner en fin de parcours des cordes empreintes de gravité. Quant à 'Imperfect', qui ferme ce chapitre, il se veut pulsatif, réceptacle tragique de boucles électroniques conjuguées à des envolées orchestrales que survole encore une fois le chant teinté d'amertume de la belle.
Même si "Synthesis" a surtout pour but de relancer une carrière endormie depuis quelques années tout en préparant le terrain avant un véritable nouvel opus, le concept, certes peu novateur, qui a présidé à sa réalisation en justifie néanmoins l'écoute. Les fans, auxquels il s'adresse en priorité, seront conquis. Quant aux autres, ils peuvent passer leur chemin…