Parfois le split d'un groupe coïncide avec un achèvement. Mais pour d'autres c'est le début d'une nouvelle aventure afin d'écrire un nouveau chapitre musical car, sous une autre forme, il y a encore à raconter. C'est le cas de The NoFace.
Le départ de Mat Bastard de Skip The Use aurait pu sonner le glas pour les autres membres du groupe, le chanteur emblématique étant parti pour tenter une carrière en solitaire (qui débute plutôt bien avec "Loov"). Il n'en est rien car ceux-ci décident de continuer la musique sous un nouveau nom. Encore fallait-il trouver une identité nouvelle pour rompre avec le passé tout en conservant une assise résolument rock, et surtout un nouveau porte-voix pour leurs compositions. Ce choix s'est porté sur Oma - quoi de mieux qu'une voix féminine pour définitivement asseoir cette renaissance ?
Pour parfaire cette identité, le groupe a créé une nouvelle personnalité iconique afin de coller au mieux à son nom. Désormais, chaque musicien, hormis la frontwoman, porte une cagoule marquée d'une croix. Cette démarche n'est pas loin de rappeler certains groupes de metal ou heavy à l'image de Ghost mais en moins subversif.
Ainsi, The NoFace ne renie pas complètement son histoire. Tous les ingrédients qui faisaient l'essence, le cœur et l'âme de sa musique ne sont pas mis au rebut. Dans les treize titres de ce "Chapter One", tout est un condensé de rock toujours aussi énergique et efficace grâce aux refrains fédérateurs et immédiats. Au premier rang de ces chorus entêtants arrive en lead 'Never Ever'. Ce titre est l'archétype prouvant que le choix de la chanteuse était le bon tant Oma transmet une grande puissance à ses lignes mélodiques et apporte un vent de fraicheur dans le paysage rock. Avec elle, le groupe s'ouvre de nouvelles perspectives en développant dans ses titres un côté plus féminin. Oma se la joue séduisante ('Me Rendre folle'), charmeuse ('Time', 'I Am Over You') et majoritairement féline et se rapproche de Skin de Skunk Anansie, belle référence. Son débit ainsi que son phrasé sont en tout point remarquables et toujours placés avec justesse ('Fire').
L'alchimie demeure incroyable entre les membres du groupe qui exploitent à fond leur savoir-faire, notamment une rythmique à donner le tournis avec des basses toujours aussi profondes ('Change', 'Talkin' To You'). En outre, plutôt timides dans leur ancienne formule, quelques touches de synthé, désormais plus assumées, viennent densifier le propos musical ('The Rumor', 'Mermaid Chant'), et les guitares restent toujours aussi acérées ('Love').
The NoFace perpétue un esprit rock hybride nourri de punk, de soul, de funk. Une fusion des genres explosive qui coule dans les veines du groupe. Choisissant de rester relativement anonymes, les musiciens mettent en avant leur chanteuse qui apporte un côté à la fois fragile et fort, puissant et charmeur, surtout charismatique. The NoFace écrit ainsi une nouvelle histoire sur les cendres brûlantes de Skip The Use, avec comme point commun cette énergie peu commune.