Lorsque l’on vous dit "metal", vous pensez probablement davantage aux pays scandinaves portés par l’étendard du viking viril et chevelu plutôt qu’à notre douce France, où il faut reconnaître que même si le style est populaire notamment chez les plus jeunes, il reste assez underground et manque clairement de visibilité. Pas évident donc, pour les formations bleu blanc rouge, de se faire un nom aux côtés des grands du genre. Mais rassurez-vous, les formations labélisées "made in France" ont tout de même leur mot à dire, et Molybaron n’échappe pas la règle !
Formé en 2014, le quatuor est composé du Dublinois Gary Kelly (chant/guitare) et des Parisiens Steven André (guitare), Sébastien De Saint-Angel (basse) et Raphaël Bouglon (batterie). Trois années après la création du groupe, les Franco-Irlandais délivrent avec leur premier album éponyme un son d’ores et déjà très percutant à la production impeccable. Mention spéciale à la pochette à la fois somptueuse et énigmatique qui, il faut bien l’avouer, donne envie d’appuyer sur le bouton "Lecture" sans plus attendre !
L'album commence par l’addictif ‘Fear Is Better Business Than Love’ avec son riff accrocheur à la Rage Against The Machine et son refrain entêtant qui familiarise d’entrée de jeu l’auditeur avec le son à la fois lourd et mélodieux que Molybaron va dérouler avec assurance tout au long des 10 pistes. Le début de l’album est décidément de bonne facture, avec des titres comme ‘Moly’, qui parvient avec brio à alterner un démarrage très metal et percutant rappelant ‘Oroborus’ de Gojira avec un refrain à la fois rentre-dedans et aérien.
Au fil du disque, beaucoup d’influences se mélangent et le quatuor n’hésite pas à sillonner entre les genres, allant de Tool ou Soen (basse sur le couplet de ‘Incognito’) à Metallica avec des solos rappelant ceux de Kirk Hammett (‘Let’s Die Together’), en passant par David Bowie sur le titre ‘Dance’ et ses allures disco. Molybaron y va même de sa petite ballade rock en milieu d’album comme tout artiste de hard, avec un ‘Sleep Leaves This Place’ très à-propos qui vient marquer un bref répit entre deux moitiés d’album heavy, en nous emportant vers des horizons jusqu’alors inexplorés au cours des premiers titres.
La fin de l’album n’est pas en reste, et Molybaron réussit à nouveau un parfait alliage entre douceur céleste et puissance, à l’image du refrain captivant de ‘Only When Darkness Falls’, où Gary Kelly pousse pour la première fois sa voix pour atteindre un sommet de beauté. Sur le dernier titre, ‘Mother’, les différentes ambiances sont également parsemées avec goût. Ainsi, l’on passe sans le moindre accroc d’un démarrage aux guitares acoustiques, rappelant celui de ‘Grace’ de Lamb Of God, à un riff syncopé, mélangeant avec réussite le son de Tool et d’Avenged Sevenfold. Le titre s’achève en douceur comme il avait démarré, sur fond de guitares acoustiques apaisées, contrastant avec le son très rock de l’album. Mais 3 minutes et 29 secondes, ce n’est vraiment pas assez pour une chanson peut-être sous-exploitée qui risque d'installer une certaine frustration chez l’auditeur ramené sur terre précocement après un voyage vers les cieux trop furtif. Une fin toutefois idéale pour clore un premier opus prometteur.
Prometteur, certes, mais la perfection n’existant pas, il convient toutefois d’ajouter quelques petites nuances à tout cela. Si le début et la fin de l’album constituent à n’en point douter la base même de l’œuvre, le milieu est moins convaincant avec un ‘Dance’ pas franchement concluant malgré un style intéressant, un ‘On The Other Side’ qui n’apporte pas vraiment de nouveauté et un ‘The Apocalypse Shop’ avec sa basse aux tons de lambada et sa guitare disco, qui ne marquera pas vraiment la set-list. Pour un premier album, on peut aussi reprocher aux Franco-Irlandais de trop se reposer sur un style déjà très (trop ?) établi, manquant à plusieurs égards de prise de risque et d’audace pour venir épicer le tout et apporter une autre dimension à ce premier travail. En seulement 38 minutes, "Molybaron" manque un peu d’éclectisme et de fantaisie, à tel point qu’aucun titre ne se détache vraiment des autres.
Néanmoins, pour un premier album, nos petits Français ont fait du bon boulot et l’avenir s’annonce sous les meilleurs auspices avec ce travail encourageant.