Loch Vostok, groupe suédois de metal prog extrême, ne s'encombre d'aucune barrière pour ce septième album. Le chanteur/guitariste Teddy Möller prévient les auditeurs de "Strife" qu'il leur faut s'attendre à l'inattendu et cite moult styles musicaux approchés par les 10 titres qui composent cette nouvelle offrande. Pour le meilleur des rendus, le groupe s'est entouré de David Castillo au mixage et de Jens Borgen au mastering. Le premier est un fidèle de Katatonia et a enregistré le dernier Angra mais a également œuvré auprès de Dark Tranquility ou Soilwork entre autres. Le second dispose d'un CV encore plus impressionnant dans lequel on trouve Ihsahn, Leprous, Katatonia, Opeth, Amon Amarth ou encore Sepultura.
Avec une telle équipe, la production ne pouvait être que monstrueuse. Et ce caractère massif sert très bien une musique d'une grande intensité. Assez variée, elle taquine la mélodie épurée ou puissante comme la lourdeur et le guttural. Ainsi, nous traversons effectivement avec Loch Vostok les plaines d'un glacial mordant qui évoquent Katatonia ('Forever'), des éruptions volcaniques incandescentes dans lesquelles on se brûlera les ailes ('Yurei') mais aussi des moments de grâce mélodique réconfortants rappelant du heavy plus classique. La technicité rythmique comme guitaristique s'adapte au climat privilégié. La très forte présence des guitares hyper saturées apporte une cohérence qui parfois peut s'avérer critiquable tant le quintet a à cœur de démontrer son éclectisme.
Ainsi, engoncée dans une certaine noirceur, la musique proposée saura se montrer très vivace avec un chant clair ou black sur 'Ventilate' qui démontre, s'il en était besoin, une belle compétence technique de l'ensemble des protagonistes. Là où 'Babylonian Groove' évoque Opeth pour notre plus grand bonheur, 'Summer" est plus accessible et d'une lourdeur remarquable. 'Cadence' reprend le style rythmique du prog moderne à la Leprous. Avec tous ces clins d’œil, d'aucuns jugeront cet album un peu trop fourre-tout et d'une certaine façon démonstratif, ce qui semble nuire à l'ensemble et faire perdre le fil. Toutefois, avec une sonorité homogène et une production parfaite, on peut considérer que ce piège est finalement évité.
Voilà un album qu'il est difficile à étiqueter, s’exprimant dans un style que l'on peut décrire comme heavy-death mélodique allié à un extrême prog lourd avec quelques moment virevoltants. Loch Vostok propose avec "Strife" une œuvre riche, intense et technique qui refuse de se laisser enfermer et qui est l'occasion d'une exploration assez plaisante même si au final elle manque un peu de moments marquants.