Dix ans d’existence pour Intergalactic Lovers, ça commence à compter ! Les amis d’enfance et d’adolescence ont depuis 2008 pas mal bourlingué entre deux albums et tournées les ayant conduits jusqu’au Japon et aux Etats-Unis ! Le quatuor belge revient donc cette année avec "Exhale" aux couleurs vives avec la collaboration conjointe de Gil Norton (Pixies, Foo Fighters…) et de Ted Jensen (Arcade Fire, Muse, Florence And The Machine…).
Pour situer Intergalatic Lovers, le groupe baigne dans un rock indépendant direct et efficace, sans fioriture dans lequel le chant occupe une grande majorité de l’espace (sans mauvais jeu de mots), laissant peu de place à des digressions musicales. Ainsi, Lara Chedraoui enveloppe, de façon très littéraire, la musique de sa voix revêtant un joli et léger grain rugueux, souvent mutine, presque encore enfantine. Son chant est la rencontre de PJ Harvey et Dido ('Ego Wars') qui clame des paroles évoquant la communication dans le couple (‘Talk, Talk’), les angoisses qui peuvent toucher la jeunesse actuelle (‘Fears’), le tout avec un aplomb indéniable sur des mélodies parfois pleines de candeur.
'Exhale' met largement en avant une rythmique qui forge la ligne directrice du morceau au détriment de la guitare soliste peu disserte ('Fears', 'No Shame'). La qualité des arrangements et le soin apporté à l’équilibre sonore des titres sont à souligner, notamment dans l’utilisation des cordes qui apportent un léger charme discret ('My I') mais également dans quelques touches électro du plus bel effet parsemées régulièrement, ajoutant une pointe de modernité à l’ensemble. Les participations de Gil Norton et de Ted Jensen y sont certainement pour quelque chose tant le mixage est juste.
Toutefois, un sentiment de trop grande homogénéité se dégage de "Exhale", malgré de belles mélodies. Ce ressenti donne à l’album un côté linéaire sans qu’aucun morceau ne sorte vraiment du lot. Il manque un ou deux titres un peu plus rock ou plus énergiques pour densifier ce nouvel album, qui lui auraient permis de moins ronronner et d'apporter quelques aspérités. 'River' se distingue cependant, avec sa mélodie chaloupée qui attire l'oreille, malgré cette légère impression d'absence de lâcher prise et de grain de folie, comme si le groupe semblait vouloir se brider.
En tout état de cause, "Exhale" est un disque fin, soigneusement apprêté au niveau des compositions et riche sur le plan des pistes sonores, témoin de son époque tout en apportant un peu de positivité dans cette période actuelle assez sombre. Le charisme de sa chanteuse accompagné de musiciens talentueux fait oublier le petit côté un peu trop lisse et gentillet de cette offrande. Un album attachant qui devient addictif au fil des écoutes.