Curieuse orientation que celle qu'allait prendre PFM alors que le rock progressif avait du plomb dans l'aile. En 1977, date d'exécution du prog classique, l'un des fers de lance du prog italien se réinventait en explorant une facette plus jazz sur "Jet Lag" avec le violoniste Greg Bloch. Le départ de ce dernier s´accompagne également de l´abandon du chant en anglais. PFM aurait-il décidé de revenir aux fondamentaux et de retrouver sa verve progressive ?
En 1978, le rock progressif des dinosaures n´intéresse plus personne. Le rock progressif prépare son propre cercueil, enterrant parfois les siens prématurément (Consorzio Acqua Potabile doit se séparer avant d´avoir pu enregistrer le moindre disque). PFM sent le couperet tomber et se doit de réagir : poursuivre ses aventures progressives ou survivre ? Ainsi "Passpartù" ne va pas nous proposer d'étincelants morceaux baroques aux développements ouverts comme des portes dérobées, avec des ralentissements et accélérations de rythme. PFM va faire preuve d´une métamorphose complète, devenant subitement un groupe de folk. L'enjoué 'Viene Il Sant' et l'entrainant 'Svita La Vita' (avec mandoline et claquements de mains) risquent de provoquer quelques crises cardiaques. PFM s´oriente d'ailleurs vers des sonorités plus exotiques, comme la bossa nova sur l´ultime piste ou le funk sur ´I Cavalieri` notamment grâce à l´utilisation de marimbas, ou modernes avec l´utilisation de synthétiseurs. Les compositions sont honnêtes mais sont toutes dépersonnalisées du style du groupe. Cependant on peut reconnaître que Bernardo Lanzetti (comparé selon les uns à Roger Chapman, le chanteur de Family, selon les autres à une chèvre) adoucit son chant (à l´exception de 'La Trame Blu' un peu heurté mais une des rares chansons à narrer un conte).
PFM n´a pour autant pas tout à fait disparu. La piste éponyme évoque la tonalité jazz du précédent album, avec la batterie qui rythme une performance lumineuse de Franco Mussida à la guitare. Ce dernier se présente comme le gardien du temple sur 'Se Fossi Cosa' avec son ambiance tamisée et montre que si le groupe de progressif semble bien absent de cet opus, la fraîcheur et la délicatesse d´hier n´en sont pas pour autant exempts. Les paroles sont toujours aussi ironiques, se teintant parfois de science-fiction ('Fantalità' ou 'Sue Une Mosca E Sui Dolci') et certaines ont été composées grâce à l'aide de l'auteur de fumetti (bd italiennes) Gianfranco Manfredi.
PFM dégage un capital de sympathie et il serait injuste de condamner au pilori un groupe qui avait une grande envie de continuer à jouer. Pour autant, les chansons sont belles, intéressantes mais pas mémorables et si cet album n´avait pas été réalisé par un cador, il aurait très bien pu être enregistré par un groupe local, à l´exception de la guitare de Franco Mussida qui offre quelques parfums de nostalgie à nos oreilles passéistes.