Après un album éponyme post-death en 2014 et un EP prometteur en 2016, les Hongrois de Perihelion remettent le couvert sous pavillon Dooweet avec "Örvény", troisième album du quatuor de Debrecen, dans un registre post rock / post metal entièrement chanté en hongrois.
Le premier contact avec l'album se fait via un artwork très réussi signé Costin Chioreanu, connu pour son travail avec des groupes comme Enslaved, Leprous ou Arch Enemy. Après un premier titre étrange plus folklorique que métallique, Perihelion s'invite à la table du gotha du post rock avec quelques morceaux de bravoure qui les démarquent des productions habituelles. En effet, le groupe fait preuve d'une personnalité bien affirmée au travers d'une musique singulière à mi-chemin entre post rock et post metal, le tout enrobé d'une couche atmosphérique et dont le chant constitue une singularité toute personnelle.
Déroutant au début (impossible de ne pas penser à 'Stach Stach' des trop tôt disparus Bratisla Boys), le chant en hongrois, parfois proche du turc à l'oreille (notamment sur 'Romokon' ou sur 'Bardó') s'avère très expressif sur ce type de musique. Les titres comme 'Bolyongó' ou 'Ébredő Táj' sont portés par la voix chaude et envoûtante de Gyula Vasvári sur des rythmes enlevés dans une veine post metal aux arrangements particulièrement réussis et à l'énergie communicative.
Mais ce sont les trois titres centraux qui retiennent le plus l'attention. Alors que le tempo se calme, les compositions sont finement ciselées et les passages aériens aux guitares cristallines caractéristiques du post rock moderne alternent habilement avec des envolées plus rugueuses. Les mélodies sont simples et efficaces et le chant, allié à de fins arrangements atmosphériques, déclenche des émotions immédiates. 'Romokon' et 'Örvény' synthétisent à eux seuls l'étendue du talent d'écriture et de composition des Hongrois. Le second, qui donne son nom à l'album, est d'une puissance mélodique et rythmique étonnante. Les titres s’enchaînent naturellement avec douceur et l'impression d'une œuvre conçue comme une pièce unique est permanente.
D'une durée frustrante de seulement 39 minutes, ce troisième album de Perihelion évite l'écueil du folklore à outrance et sonne comme une consécration annoncée. L’enchaînement naturel des titres, qui déroule le fil de l'album construit comme une seule pièce mêlant intelligemment plusieurs styles proches et complémentaires, ferait presque oublier un chant parfois trop typé qui risque de rebuter quelques auditeurs. Pourtant le public de cet "Örvény" pourrait bien être plus large qu'escompté tant le groupe y a mis les ingrédients de la réussite. L'équilibre entre post rock, atmosphérique et post metal est presque parfait, tout comme celui entre douceur, joie, rage et noirceur. La maîtrise technique est à la hauteur de la qualité de composition et la production exemplaire met en valeur chaque instrument. Un album à écouter et ré-écouter sans modération.