Après avoir réalisé un album brouillon avec ''Passpartù'', Bernardo Lanzetti, le chanteur controversé du groupe, a pris la poudre d´escampette et PFM a retrouvé quelques sensations avec son album suivant "Suonare Suonare", une autobiographie collective, certes toujours de moins en moins progressive mais pourvue d´une forte identité sonore. Souvent rapproché de Genesis, PFM va une fois de plus alimenter la comparaison : pour pallier le départ de son chanteur soliste, le groupe installe son batteur Franz Di Cioccio derrière le micro! Pourtant PFM doit accuser un nouveau coup dur : son claviériste historique Flavio Premoli quitte à son tour le groupe pour se consacrer à une carrière en solo. Réduit à un quatuor, PFM assemble les pierres d´un nouvel album "Come Ti Va In Riva Alla Città".
Ce titre très porté par la géographie de la capitale lombarde est à nouveau un album-concept qui, à travers le parcours d´un jeune Milanais de sa banlieue jusqu´au centre de la ville, traite des rêves et des illusions d'un jeune poète raté un peu voyou, petit frère du personnage de Johnny Rockford de l'opéra rock ''Starmania''. Si le groupe a décollé la partie amovible "progressif" de son étiquette, il ne nous propose plus un folk bâtard comme sur ''Passpartù'', mais poursuit sur la lancée de "Suonare Suonare". PFM est rock et ne se prive pas pour nous le faire entendre.
Patrick Djivas fait résonner sa basse à la manière de ´One Of These Days´ de Pink Floyd sur ´Come Ti Va´, chaloupée sur ´Chi Ha Paura Della Notte´, chaleureuse sur la ballade ´Meno Male Che Ci Sei' ou de façon loquace sur ´Quartiere´Otto´. Lorsqu´il ne chante pas de sa voix envoûtante et profonde (dans la pure tradition italienne sur ´Come Ti Va´, mutine sur ´Weekend´ et en questions-réponses avec les chœurs sur les increvables ´Chi Ha Paura Della Notte´ et ´Poeta Mancata´), Franz di Cioccio adopte un jeu de batterie tantôt alerte tantôt plus cool (´Quartiere Otto´). Lucio Fabbri est plus en retrait que sur le précédent opus mais ses rares interventions au violon offrent quelques agréables dissonances sur ´Weekend´ ou ´Chi Ha Paura Della Notte´. Le violoniste s´investit aux claviers qui apportent à l'ensemble une petite dose 80´s (´Quartiere´Otto´), tout en restant discrets.
Mais où se retrouve PFM dans tout ça ? Si l'émotion est à fleur de peau, la proposition est désormais plus frontale et directe. Cependant, le guitariste sous-estimé qu´est Franco Mussida fait à nouveau valoir des envolées d´anthologie comme sur ´Quartiere´Otto´, sur ´Indians´ et ´Poeta Mancato', ou sur le plus punk sur ´Rock In LA´. Si on peut reconnaître une trace de l´ancien PFM c´est bien dans ce jeu de guitare étincelant qui trouve en cette métamorphose rock un terreau fertile à chacune de ses manifestations.
PFM réduit sa partition à un rock méditerranéen sans concession, mais pauvreté n´est pas vice. Cette formation n'accuse guère de ressemblances avec l'ancien PFM progressif mais respire le rock à pleins poumons. Si le quatuor ne réalise pas un album d´anthologie et fondateur, l´écoute de cet opus ne nuira pas à la santé d´un auditeur avide de nouvelles découvertes et dépourvu d´œillères progressives.