Loin d'être une bande de puceaux venant tout juste de chaparder les vinyles de leurs parents, cela fait déjà quelques années et une poignée d'albums que les Californiens traînent leurs pattes d'eph' sur les routes caillouteuses du (proto) hard rock. Si leur nom n'est bien entendu pas inconnu des aficionados, gageons que le soutien de poids assuré par le mastodonte Century Media devrait leur permettre de toucher un public plus large, comme semble le suggérer le titre de leur sixième rondelle.
S'il ne les surprendra pas, "New Beginnings" ne décevra pas pour autant les habitués qui seront heureux, après trois ans d'abstinence discographique, de pouvoir sucer ce rock bien dur dont les effluves psyché qui le noient ne l'exonèrent donc jamais d'une forme de brutalité sale et tranchante. Bref, on est là plus proche de Hendrix ou MC5 que de Purple.
Basé sur la sacro sainte trinité guitare / basse / batterie, Radio Moscow ne s'encombre d'aucun d'artifice, cherchant à dompter l'énergie sauvage du riff primaire. Bien que soutenue par une rythmique survoltée ('Last To Know'), la guitare de Parker Griggs règne en maître au milieu de cette orgie électrique, hurlant, sortant les griffes pour le plus grand plaisir des adeptes de ces saillies furieuses et humides ('New Skin').
A l'exception du terminal 'Dreams, long de presque six minutes et dont la dernière partie est avalée dans un brouillard duveteux d'effets fuzzy et dans une moindre mesure de l'instrumental 'Woodrose Morning' aux teintes spatiales, tous les titres qui parsèment ce "New Beginning" tendu comme un string transpirent une urgence bourrue qu'alimente la voix agressive du guitariste. Le bluesgrass ('Pick Up The Pieces') n'est parfois pas loin, le rock sudiste non plus ('Driftin' et son harmonica déglingué).
Radio Moscow a une façon bien à lui de forger un rock à la fois trapu et direct tout en ouvrant les vannes de jams dantesques (ce 'No One Knows Where They've Been' fiévreusement énergique à la Rory Gallagher). Ce n'est certes pas très original mais l'intérêt est de toute façon ailleurs, dans cette puissance épidermique et mazoutée qui doit autant à une prise de son garantie sans OGM qu'à ces trois musiciens à l'unisson d'un psychédélisme noir.
Suintant un feeling nerveux, "New Beginings" se révèle être la porte d'entrée idéale pour découvrir Radio Moscow.