Quiconque a découvert King’s X pendant sa glorieuse période des années 90 a été amené, par diverses médiations, à entendre parler des Texans de Galactic Cowboys. Les deux formations partagent beaucoup de choses, une amitié tout d'abord, une même ville d’origine, une même propension à générer un metal puissant et des mélodies imparables, et un destin similaire cantonné à la confidentialité malgré des qualités indéniables. Si la bande à Doug Pinnick a su négocier le virage des années 2000, les cow-boys de l’espace ont connu un point d’arrêt cette même année avec leur album au titre prémonitoire, "Let It Go", album sur lequel le batteur n'est autre que Jerry Gaskill, le marteleur de King's X. On pensait les Galactic Cowboys inscrits au tableau des formations cultes nourrissant la nostalgie et la mémoire de quelques aficionados mais c’était sans compter sur la volonté du quartet de Houston. Dix-sept ans après leur dernier album, les Galactic Cowboys sont donc de retour un 17 novembre 2017 avec un inespéré "Long Way Back To The Moon".
En presque vingt ans, les cow-boys ont changé physiquement mais leur musique, elle, n’a pas pris une ride. Avec "Long Way Back The Moon", on se surprend à retrouver cette puissance heavy-thrash, cette énergie déjantée et ces refrains savamment travaillés aux harmonies de voix justes et aux mélodies pop irrésistibles. Les Américains frappent fort à chaque introduction de morceau en visant l'efficacité du riff qui tue sans s'encombrer d'harmonies trop alambiquées. Les Galactic Cowboys montrent la plus grande application dans l'écriture des mélodies de leurs refrains qui pénètrent immédiatement les cerveaux et les marquent durablement ('In The Clouds', 'Internal Masquerade', 'Blood In My Eyes').
Mais si le groupe a parfois été affilié au metal progressif en proposant des albums variés et originaux, on ne retrouve jamais cette audacieuse créativité dans ce huitième album. La formation emmenée par Ben Huggins applique un même schéma rudimentaire de construction des compositions qui accentue la monotonie de l'album malgré quelques tentatives timides de diversifier le propos (la fusion 'Blood In My Eyes', le mid-tempo 'Amisarewas' et le plus élaboré 'Long Way Back To The Moon'). Il en résulte un album plutôt long et répétitif qui aurait gagné en dynamisme en se délestant des trois ou quatre titres les moins intéressants.
Le plaisir pris à l'écoute de cet imprévisible retour est rapidement tempéré par un manque de prise de risque global et surtout par les faiblesses dans les finitions particulièrement audibles dans certains couplets. "Long Way Back The Moon" aura au moins le mérite de faire parler de ce groupe attachant et de le faire découvrir à une plus large audience. Chez ceux, comme votre serviteur, qui considèrent Galactic Cowboys comme une formation culte, il laissera sans doute un léger arrière-goût d'amertume au regard de leur verve d'antan et de leur discographie explosive.