Moins de douze mois après la déflagration produite par "Autobahn", Kraftwerk continue d'explorer les arcanes de la musique électronique en publiant à nouveau un album qui fera date, mais peut-être pas tout à fait pour les mêmes raisons que son illustre prédécesseur.
Après les autoroutes, Kraftwerk nous propose un double concept basé sur un titre à double sens et explore à la fois le monde de la radioactivité et celui de la radio et des ondes, thèmes pour lesquels les bidouillages électroniques en tous genres offrent de multiples possibilités de coller musicalement aux différents titres, que ce soit par l'intermédiaire d'un compteur Geiger au pouls s'accélérant au fil des mesures, ou encore par le biais de vagues sonores reproduisant le mouvement des ondes radiophoniques.
Mais cet album propose également un double visage sur le plan musical. Incontestablement, il s'agit de celui dont la renommée est la plus étendue, la faute au titre éponyme, véritable hit "intergalactique" (au moins) qui, non content d'avoir squatté pendant des années les ondes des radios françaises, servant notamment de générique à une émission phare d'Europe 1 animée par Jean-Loup Laffont (pour la suivante, il utilisera 'Oxygène' de Jean-Michel Jarre !) a également inspiré plus d'un groupe par la suite, au premier rang desquels OMD et ses "Enola Gay" et autres "Electricity". Titre entêtant et envoûtant malgré une mélodie toute simple, 'Radioactivity' surclasse toutes les autres plages de l'album, reléguant au rang de faire-valoir des morceaux pourtant intéressants comme 'Airwaves', ou plus encore 'Antenna'.
A l'autre bout du spectre musical, une bonne moitié des titres ne présente pas de musique, dans le sens de morceaux construits sur la base d'une mélodie. Bruitages en tous genres, stridences industrielles, utilisation d'oscilloscope, spoken word avec des voix déformées, Kraftwerk laisse courir ses expérimentations plus ou moins débridées au fil de morceaux que l'on aura rapidement tendance à zapper, rendant du coup l'ensemble plutôt décousu. Et ce n'est pas le conclusif 'Ohm Sweet Ohm' à la mélodie une nouvelle fois toute simple et s'accélérant à la manière de convives tapant dans les mains à la fin d'un banquet qui viendra rehausser une impression plutôt mitigée.
Doté d'une production et de sonorités qui ont plutôt mal vieilli, "Radio-Activity" vaut essentiellement par son morceau-titre et apparaît plus comme un témoignage des débuts de la musique électronique et de ses expérimentations que comme un album incontournable.