Trois années après la domination des robots, Kraftwerk poursuit sur sa lancée avec un album dédié à l'émergence des ordinateurs et leur pouvoir de contrôle supposé pour les années à suivre.
Techniquement, ce huitième album voit le groupe adopter une nouvelle fois la technologie de l'époque, et même la devancer quelque peu puisque l'on va retrouver pas mal d'éléments sonores évocateurs de la vague techno à venir, celle qui sera plus largement développée au sein d'"Electric Café" quelques années plus tard.
Mais les années 80 sont surtout et avant tout marquées par ces synthés Midi aux sonorités aujourd'hui désuètes et l'émergence des boîtes à rythme basiques. Et Kraftwerk va user et abuser de ces différents éléments pour nous proposer des compositions toujours aussi répétitives, mais présentées avec un minimalisme désarmant. Finies les nappes de claviers qui enveloppaient les différents morceaux sur "The Man-Machine", place aux mélodies qui se jouent avec un seul doigt de la main droite au clavier, accompagnement minimal garanti, le tout soutenu par une pulsation électronique faisant office de section rythmique. Le groupe pousse même le bouchon à ne conserver que cette dernière sur 'Numbers', titre bruitiste dénué d'intérêt.
La deuxième face du vinyle original voit le groupe poursuivre sur cette lancée, avec néanmoins la présence de quelques sonorités issues des 70's, apportant un peu de contraste à des titres bien trop uniformes et répétitifs pour susciter l'engouement de l'auditeur. Heureusement, 'It's More Fun to Compute' conclut l'album sur une bonne note, laissant finalement une impression mitigée au moment de juger cet album.
Coincé entre la période mélodique du groupe et son évolution vers une techno minimaliste, "Computer World" est une production bancale qui voit Kraftwerk perdre une bonne partie de son inspiration que l'on ne retrouve guère tout du "long" de ces 35 minutes.