Après le mitigé "Computer World", Kraftwerk publie "Electric Café" en 1986, production qui restera très longtemps orpheline d'une suite dans la discographie studio du groupe, et dont le moins que l'on puisse dire est qu'elle ne restera pas dans les annales, ou alors pour de mauvaises raisons.
Articulé en deux faces bien distinctes, ce nouvel album voit le quatuor allemand prendre le virage marqué de la techno, délaissant dans un premier temps tous les aspects mélodiques répétitifs qui marquaient son identité. Et il va falloir bien du courage à l'auditeur pour ingurgiter les trois premiers titres d'"Electric Café". Basée sur un jeu de percussions électroniques lourdingues et de quelques 'vocaux' vocodorisés, la trilogie 'Boing Boum Tschak/Techno Pop/Music non Stop' s'avère particulièrement difficile à assimiler, la répétition de motifs sans mélodie aucune confinant rapidement à l'indigestion. Avec 30 années de recul, on peut certes souligner le côté avant-gardiste de l'objet lors de sa sortie, ainsi que la débauche d'effets qui composent cette première partie. Il n'en reste pas moins qu'il manque deux choses à tout cela : de l'émotion… et de la musique.
La deuxième face du vinyle voit le retour à un peu plus de fantaisie, avec notamment deux titres chantés qui, sans nous faire grimper au plafond, proposent tout de même quelques éléments intéressants. C'est tout d'abord 'Telephone Call', interprété une fois n'est pas coutume par Karl Bartos, qui déroule avec un certain humour toute la panoplie des bruitages et autres annonces téléphoniques, parmi lesquelles quelques historiques en français, les percussions bruitistes se faisant plus discrètes. Même chose pour 'Sex Object', où le groupe retrouve en partie l'inspiration de ses précédents opus, tandis que pour finir, 'Electric Café' nous propose un patchwork linguistique apportant un minimum d'intérêt à un gimmick de quelques notes répétés ad nauseam.
Album déroutant lors de sa publication, "Electric Café" se révèle toujours aussi peu amène à écouter 30 années plus tard, d'autant que ses effets en tous genres apparaissent aujourd'hui complètement dépassés. Il reste néanmoins un témoignage intéressant de l'époque et du déferlement technoïde qui envahit les ondes par la suite.