Puisqu'il n'est pas de carrière discographique réussie (ou pas !) sans sortir un best-of, Kraftwerk s'adonne une première fois à l'exercice en 1991, rompant ainsi un silence discographique de cinq longues années depuis la publication de "Electric Café", en publiant "The Mix" qui, comme son nom l'indique, ne se contente pas de compiler les plus grands succès du groupe mais profite de l'occasion pour donner une nouvelle fraîcheur à des titres conçus pour certains à l'ère balbutiante de la musique électronique.
Il est toujours compliqué d'établir une liste de titres cohérente compilant les meilleurs moments d'une discographie. Et "The Mix" ne fait pas exception à la règle, puisqu'aux côtés des incontournables 'Autobahn', 'Radioactivity' et la mini-suite 'Trans Europe Express', on retrouve pas moins de quatre titres issus de "Computer World", tandis qu'un seul morceau vient défendre les couleurs du pourtant excellent "The Man-Machine". Et si ce choix peut paraître étrange au vu de la qualité intrinsèque de l'album original, il s'explique sans doute par l'aspect techno-dance fortement marqué sur ces nouveaux mix et pour lequel les titres de "Computer World" présentaient à l'origine de fortes prédispositions. Si ce nouveau traitement, tout en allongeant la durée des titres, ne les magnifie pas énormément, force est de constater que dans son genre il s'agit plutôt d'une belle réussite technique.
Du côté des grands anciens, c'est un beau coup de jeune qui est apporté à 'Radioactivity', avec des paroles remises au goût du jour en incluant la liste des catastrophes nucléaires, et notamment Tchernobyl, la plus récente d'entre elles. Pour ce qui concerne 'Autobahn', on appréciera ou pas cette version raccourcie truffée de percussions électroniques qui laissent quelque peu de côté la thématique originale, si ce n'est la fameuse rythmique si caractéristique. Même réflexion pour la suite 'Trans-Europe-Express', déjà bien outillée au niveau percussions et effets en tous genres, et qui ne prend pas ici de réelle dimension supplémentaire.
Au final, le duo Schneider/Hütter nous propose une compilation digne d'intérêt, publiée en pleine période d'expansion de la musique techno, et qui fait sans problème office de référence dans le genre. Sans (trop) oublier les aspects mélodiques, Kraftwerk ravira les fans des boucles électroniques ponctuées de rythmiques répétitives, sans toutefois faire fuir ses adeptes de la première heure.