Il y a maintenant seize ans que George Harrison nous a quittés. Le guitariste des Beatles était sans doute le plus discret et proportionnellement le plus talentueux des membres du groupe. Ce parallèle peut être fait avec son fils Dhani, qui après avoir fait partie du groupe Thenewno2 et avoir composé de nombreuses musiques de films ou de série (Outsiders) sort son premier album solo. Pendant toutes ces années, il a également entretenu et veillé à la préservation de l'héritage de son père. Il était donc temps pour le discret et presque quadragénaire de prendre son envol afin de rentrer dans la lumière.
Ceux qui s'attendaient à une brit pop dans la lignée de celle des Scarabées en seront pour leurs frais car Dhani Harrison prend le contre-pied de cette orientation. Fort de son expérience passée, notamment celle de compositeur de bandes originales de films, il s'oriente vers un style ambiant électro et simili rock, dans le sillon creusé il y a quelques années par Massive Attack. Résolument moderne et quasi expérimental, le Britannique ne renie pas complètement son ADN paternel en embrassant complètement cet héritage mélodique pour mieux l'intégrer dans son projet. Ainsi, Dhani parsème ses titres de quelques touches world music orientale ('Never Know') mais aussi de refrains à la pop subtile rappelant les chorus en chœurs des Beatles ('All About Waiting'). Son travail effectué sur les bandes originales de films, dont "Sublimes Créatures", se fait ressentir tant ses compositions adoptent un style contemplatif presque toujours introspectif lent et posé propre à ce cinéma de genre, comme s'il invitait l’auditeur à s’imaginer son propre film.
Le compositeur aborde des thèmes très actuels comme la violence sous-jacente sociétale et l'écologie ('Summertime Police'), l'impudeur des réseaux sociaux ('Downtown Tigers') mais aussi d'autres sujets plus mystiques et spirituels comme les expériences de mort imminente ('The Light Under The Door') sous le prisme d'une musique loin d'être easy listening. A contre-courant du style pop dans lequel Dhani aurait pu s’engouffrer, ses compositions sont riches en textures synthétiques à l’architecture pleine de beats électro dont les mélodies se dévoileront au fil de plusieurs écoutes attentives pour livrer leur secret. Sombre, et parfois désabusé, "In Parallèle" pose le regard d'un quadragénaire sous la forme d'un témoignage sur son expérience, ses blessures, ses cicatrices mais aussi sur ce qu’il a accompli de positif au cours de son existence, conscient qu’il vit dans un monde plein de noirceur et à la recherche d’une certaine philosophie.
Avec une confiance acquise au cours de ses nombreuses collaborations, Dhani fini par franchir le pas de l'expérience solo et ose se mettre en avant. Lui qui, avec sobriété, perpétue à faire vivre l’œuvre de son illustre père avec moult concerts hommages, sans pour autant en tirer profit, produit un disque à son image. Cette œuvre subtile traduit aussi sa volonté de se faire un prénom dans la musique et de ne plus seulement être considéré comme « le fils de… », sans pour autant verser dans l’excès de reconnaissance, avec une certaine et honorable pudeur.